- Tout ce que tu dis se transforme en image, maintenant tu te demandes comment y échapper, parce que ton image tu ne sais pas quoi en faire tu comprends ?
Je ne comprenais pas tout-à-fait mais je disais oui
- Tout ce que tu dis ça devient toi, tu le portes sur toi, et même ce que tu dis jamais tu le portes, tu portes tout le temps ce qui te sort de la bouche, l'intérieur aussi, ce qui reste dedans, ça te fait ton image tu comprends
Je ne comprenais pas mais je pouvais comprendre et je disais oui je comprends. Je voulais garder une sorte de contact.
- Tout ce que tu ne dis pas tu le portes même encore plus, tu comprends, à cause de l'image
- Oui
- Les gens qui vivent sans y penser et sans se faire de films, ceux qui font leur vie même quand ça ne vaut pas d’être vécu mais seulement déjà dans une image, souvent je les regarde et je me mets à y penser et ça me fait peur, même ça me terrifie. Parce qu’il n’y a pas de vie qui vaille s’il n’y a plus que des images possibles, tu comprends. Pourtant les gens, même perdus d’avance dans cette immensité des images possibles ils continuent, les gens acceptent ces images possibles, souvent je me dis ça, sur les gens, qu’ils vivent toujours comme il convient dans cette condition d'image et ils sont toutes leurs figures possibles sur des fichiers numériques et moi aussi, si ça se trouve je vis comme un mort avec mon image sur des fichiers mais que je continue parce que c’est tout ce qu'on peut faire.
- Je ne sais pas, il y a autre chose aussi
- Je marche dans ma mort c’est tout ce que je fais, marcher dans ma mort, je vis vers ma mort alors tout est simple, c’est écrit malgré moi, c'est décidé comme ça, de toute façon qu’est-ce que tu contrôles alors autant avancer comme un mort et comme c’est demandé. Maintenant je vais me contenter de faire cette vie mortelle qui m’attend, je serai mon image
- Pourquoi ?
- Pas vivre sans amour. Parce que qu'est-ce que tu peux faire quand les humains préfèrent les images aux humains ?