Chers amis, afin de vous faciliter, après ce long séjour en institution, une bonne réadaptation à ce que vous me permettrez d’appeler, pour faire court, la vie normale, bien que vous et moi soyons certainement d’accord sur les insuffisances théoriques de cette expression - entendons nous ici pour dire que la vie normale est la vie en dehors de l’Institution, autrement dit la vie de tous ceux qui se passent des services de cette Institution justement si nécessaire pour accueillir ceux qui, comme vous, étaient plus ou moins provisoirement inaptes à la vie normale - bref, afin de vous préparer à cette sortie dans le monde, il me semble nécessaire de faire le point avec vous sur une notion à la fois très simple et complexe, je veux parler de l’homme.
L’homme est une notion simple, en une seule syllabe, tandis que l’humanité est complexe avec ses quatre syllabes. L’humanité est aussi un journal bien connu, ainsi que le monde, le monde est un journal et c’est en même temps le lieu où l’homme se meut. Le figaro est également un journal, Figaro est le nom d’un homme qui se meut dans le monde, qui a eu des noces et même un opéra. Mediapart aussi est un journal mais qui n'a rien à voir avec l'opéra. L’opéra est un divertissement pour l’homme du monde. Ainsi l’homme est-il plus simple que l’humanité, il se meut dans le monde et peut aller à l’opéra.
Nous avons ici déjà une idée de l’homme : un être mouvant et aspirant à l’opéra. C’est l’homme allant simplement à l’opéra, car l’homme simple est aussi un être social, mais voilà que l'homme se complique en société. La société est compliquée à cause de l’homme qui complique tout et rend la société difficile à comprendre, en effet l’homme est sophistiqué, c’est pourquoi il cherche les complications, plus l’homme est grossier moins il est compliqué, l’homme grossier est simple, il est tout d’un seul tenant, tandis que l’homme sophistiqué est compliqué. L’homme grossier ne sait pas se conduire en société car il est bête, l’homme est une bête sans société, sans société l’homme n’est pas un homme, il est un loup pour l’homme, l’homme est une bête à l’état de nature, il manque de gouvernement. L’homme sans société n’est pas gouverné. L’homme sans gouvernement est sauvage, c’est pourquoi l’homme se complique dans la société pour avoir un gouvernement. La complication de l’homme est constitutive de l’homme. L’homme est occidental, c’est à dire compliqué et pas naturel et primitif, qui veut dire simple et féroce et sans gouvernement. Voilà l’homme dans sa complexité occidentale et pas simple et féroce comme chez les sauvages.
L’homme, en effet, est social, il vit parmi nous, entre hommes, l’homme est constitutif de l’homme, sans société l’homme n’est pas constitué. Toutes les reconstitutions historiques de l’homme sont constituées par l’homme, qui est auto-constitutif. L’homme a une constitution.
La constitution de l’homme fait l’homme. Un homme de faible constitution est fragile, un homme fragile est un homme tout de même, mais il faut qu’il fasse attention à sa santé ; l’homme de constitution fragile devrait faire du sport, des activités d’endurance et de dépassement de soi et beaucoup d’exercice. L’homme endure parfois de l’exercice. il doit s’exercer pour devenir un homme. L’homme devient. L’homme est en devenir, il doit faire des efforts pour devenir un homme, sinon il sera rien du tout, un minable, une demi-portion, une petite nature qui n’est pas la nature naturelle de l’homme en exercice. L’homme de bonne constitution constitue l’homme. Tout homme doit tendre à la bonne constitution, la société est organisée par la constitution qui proclame les droits de l’homme ; ce qui nous amène au troisième point : l’homme a des droits constitutionnels.
Les droits constitutionnels de l’homme sont le résultat de la pensée de l’homme. Car l’homme est un homo sapiens qui pense, en latin, et qui fabrique aussi, en tant que faber, il est en effet une espèce de la famille des hominidés appartenant à l'ordre des primates, mais qui pense et qui fabrique. L’homme est un primate hominidé descendant d’une branche qui pense et qui fabrique, l’homme complique en organisant. Si l’homme ne fabriquait rien en n’y pensant jamais il n’y aurait pas de problèmes d’organisation, mais l’homme est organique. Il vit à l’intérieur de son organisation. Il a son organisation qu’on appelle organisme et qui fait l’objet d’une science, l’homme est l’objet d’une science humaine. L’homme en est un objet car il est un animal politique c’est à dire qu’il vit comme un animal dans la cité qu’on appelle polis, l’homme a une cité et une police, l’homme est donc politique, contrairement à l’escargot qui vit en Bourgogne, qui est une province française. L’homme peut vivre en Bourgogne aussi mais il ne parle pas avec les escargots, l’escargot ne comprend pas l’homme tandis que l'homme comprend l’escargot, qu’il étudie et parfois mange, l'homme étudie tout ce qu'il mange et mange une partie de ce qu'il étudie, l’escargot fait partie de la famille des gastéropodes, tandis que l’homme est proche des grands singes. L’homme est grand et singe, mais en mieux. L’homme est un singe avec de l’argent. L’homme a besoin d’argent. Il achète tout avec l’argent, c’est pourquoi il est supérieur. L’argent élève l’homme au-dessus de la bête. L’homme vaut plus que le singe et l’escargot, l’homme peut s’acheter un singe ou un escargot ou un homme, tandis que le pouvoir d’achat du singe et de l’escargot est nul. Le pouvoir de l’escargot est dans sa bave et le pouvoir du singe est dans sa beauté. L’homme aussi, a de la bave et de la beauté, ceci dit.
Mais ce sujet de l’homme est très vaste, presque infini, c’est pourquoi vous m'excuserez de ne pas développer davantage et de vous laisser découvrir par vous-mêmes l’extraordinaire richesse de l’homme.
Je voudrais conclure par cette phrase que j’ai lue sur l'ordinateur de ma voisine dans le train pas plus tard qu’aujourd’hui, et qui me semble résumer au mieux la réalité :
L'homme n'est pas fait pour consommer une grande quantité de sucres rapides.
Cher amis, je vous souhaite à tous un bon retour à la vie normale.