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Billet de blog 21 avril 2014

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L’art de couper les tomates

Toujours, toujours la même chose, je ne sais pas pourquoi il faut toujours revenir aux même choses avec toi, toujours dire et redire mais puisque tu reviens encore sur ce sujet je vais redire ce que j’ai déjà dit je ne sais combien de fois et que tu ne sembles pourtant ne pas avoir compris, combien de fois en avons-nous parlé, je ne compte plus, après tout qu’importe,

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Toujours, toujours la même chose, je ne sais pas pourquoi il faut toujours revenir aux même choses avec toi, toujours dire et redire mais puisque tu reviens encore sur ce sujet je vais redire ce que j’ai déjà dit je ne sais combien de fois et que tu ne sembles pourtant ne pas avoir compris, combien de fois en avons-nous parlé, je ne compte plus, après tout qu’importe, je peux me répéter, c’est une perte de temps mais je peux me répéter, du temps j’en ai, et tu en as, bien que tu penses et que tu fasses savoir continuellement à ton entourage que tu es débordée et que tu soupires sans cesse à cause de ce que tu aurais à faire mais nous savons bien qu’il y a débordé et débordé, dans notre situation être débordé c’est tout de même ridicule, d’ailleurs tu conviendras que les gens débordés, en général, sont ridicules, on les entend répéter sans cesse et à tout va je suis débordé je suis débordé, ou quand ils ne se plaignent pas c’est parce qu’ils en font la démonstration pathétique en une pénible dramaturgie, courent à droite et à gauche et s’agitent en tous sens mais c’est qu’ils n’ont rien à faire d’autre, tandis que ceux qui ont quelque chose à faire, eux, ne sont pas débordés parce qu’il n’ont pas de temps à perdre en affolements ni en agitations, ne peuvent pas se permettre d’être débordés, et ce précisément parce qu’il ont à faire et doivent, pour faire ce qu’ils ont à faire, canaliser leurs actes, maîtriser leurs humeurs et avoir le geste efficace, ce fameux geste efficace que la grande industrie a systématisé, que le capitalisme a confisqué  en inventant la productivité mais je ne vais pas te faire un cours d’économie, d’ailleurs j’en serais bien incapable, bien que j’aie tout de même quelques notions, je ne suis pas sans savoir certaines choses notamment en économie mais bon, disons que simplement, parfois quand je te vois si “débordée”, je mets des guillemets, excuse-moi mais je pense, je suis obligé de penser aux travailleurs manuels, c’est un pléonasme, tu me diras, travailleurs manuels, parce que tous les travailleurs sont plus ou moins manuels, et n’en déplaise aux intellectuels, l’expression travailleur intellectuel relève tout de même de l’oxymore, c’est un mot que j’utilise, oxymore, c’est nouveau, je le connais depuis toujours, ce mot que tu connais peut-être aussi mais que tu n’utilises jamais, donc j’utilise ce mot que tu n’utilises pas, je ne sais pas pourquoi je n’avais jamais eu l’idée de l’utiliser et puis ça m’est venu, là, ce soir, j’en suis assez content, à propos des travailleurs intellectuels, qu’est-ce que ça veut dire, travailleur intellectuel, je sais bien qu’il a existé une confédération des travailleurs intellectuels mais cette confédération n’existe plus, sans doute pour la raison que l’intellectuel ne peut pas se prétendre travailleur sans offenser les travailleurs, dont le travail est un vrai travail, un travail dur et parfois même harassant, autre mot que j’utilise, alors disons-le clairement, en ce qui te concerne, pour autant que tu te classes parmi ceux qu’on appelle les intellectuels, tu es pourtant très loin d’avoir cette vie si dure des travailleurs manuels qui n’ont pas de temps à perdre, qui n’ont pas à gérer leur temps parce qu’ils sont justement contraints par un temps qui ne leur appartient pas, un temps qu’ils n’ont donc pas le loisir de perdre, je reviendrai à l’occasion sur ce terme de loisir, il y a beaucoup à dire à propos du loisir au singulier et des loisirs au pluriel, je remarque en passant que les gens débordés sont souvent ceux qui ont le plus de loisirs, plus on a de loisirs plus on est débordé, c’est étrange, en effet, ce constat que moins on en fait plus on a l’impression d’en faire, ce fait qu’on occupe ses loisirs en s’agitant en tous sens simplement parce qu’on en a le loisir, alors que, de toi à  moi, reconnaissons-le, seuls les gens débordés peuvent se permettre d’avoir ce loisir de ne pas avoir de loisirs, eux seuls en effet ont ce luxe du temps, car oui, le temps est un luxe, c’est même le luxe par excellence, avoir le temps, car je te le rappelle, tout le monde n’en a pas, tu as ce luxe, je l’ai aussi, nous avons ce luxe du temps et nous pouvons donc nous permettre d’en perdre à loisir, je parle de toi mais aussi de moi, donc je le dis, en effet, qu’en ce qui me concerne j’ai du temps, c’est un luxe et je ne me plains pas, j’ai ce luxe du temps que les gens qui travaillent, c’est à dire les travailleurs manuels, n’ont pas, ou disons presque pas, parce qu’il y a quand-même les congés payés mais les congés payés, il faut bien comprendre ça, n’autorisent pas ce gaspillage du temps, le temps des congés payés n’est pas un temps d’oisiveté, ce temps de loisir des travailleurs manuels est entièrement occupé par les vacances à la mer dont il faut profiter, les travaiileurs manuels n’ont donc pas de temps à perdre en vaines agitations et en discussions inutiles car pour un travailleur il faut profiter du bonheur des vacances à la mer, voilà ce à quoi accède le travailleur tandis que ce bonheur d’être à la mer n’existe pas pour nous, nous avons beau être à la mer, nous sommes à la mer mais nous n’avons pas ce bonheur d’être à la mer parce que nous ne sommes pas des travailleurs, la mer est là, nous sommes en vacances mais où est donc le bonheur, pas ici, pas ailleurs, ce bonheur du travailleur en vacances à la mer est une chose qui nous échappe tout simplement parce que nous vivons comme des cons que ce soit à la mer, à la montagne où à la ville, je parle de nous au sens large, pas seulement toi et moi, nous y sommes comme des cons, parce qu’il faut bien être quelque part comme les autres y sont, nous sommes là comme des cons sans aimer ni la mer ni la montagne ni la ville, alors ce gaspillage de temps en vaines agitations est-il vraiment une chance, oui, bien sûr, c’est une chance, et je ne peux pas m’en plaindre et je ne m’en plains pas, je mesure l’indécence qu’il y aurait à me plaindre dans ma situation, notre situation, et je mesure ce qu’il y a d’indécent à le dire, car la vie du travailleur est sans conteste, objectivement, une vie autrement plus dure que la vie que je mène, ou celle que tu mènes, mais ce qui est une chance pour le travailleur est une malchance pour toi et moi, oui, cette vie objectivement facile est, pour toi et moi, en tant que sujets, donc subjectivement, une malchance,  car cette vie se gaspille en vaines agitations, c’est ce qui rend possible de dire et redire toujours la même chose, à cause de ce luxe du temps à perdre, ainsi donc, puisque je peux me permettre de perdre mon temps à reprendre cette sempiternelle discussion, à revenir toujours à la même chose, il semble bien que je me doive de le perdre, je vais donc encore devoir dire et redire, puisque nous en avons le loisir, que nous ne sommes pas d’accord, le redis face à la mer et sur la terrasse de cette villa où Jean Cocteau vint séjourner avec ses amis parmi lesquels son jeune protégé Raymond Radiguet, ce petit qu’il aimait tant, sur cette terrasse où le petit Radiguet a rédigé le Bal du comte d’Orgel, où Radiguet enchaînait les phrases déclinées comme des  pensées d’hier et brisait leur écume contre les rochers noirs, tandis que passaient devant les îles quelques bateaux tranquilles, et Cocteau, appuyé à la balustrade, un pied posé dessus, jambe repliée, avant-bras gauche sur le genou, élaborait peut-être mentalement le contour du Cap Nègre d’une seule ligne de craie continue, sinueuse et fidèle à la découpe rocheuse et tenait droit son profil au cas où le petit Radiguet relèverait la tête, belle tête de jeune prince, parfait enfant, impériale statique du corps idéal, cigarette entre les dents, front franc, cheveux légers, torse cuivré, corps latin,  sur sa hanche le linge blanc, coton des colonies qui lui sert de pagne viril et virginal d’où viennent les cuisses lisses, puis descendre aux pieds nus dans la poussière de sable et de terre battue, marquer le profil, s’il relèvait la tête et cherchait au ciel une intuition solaire à jeter droit sur sa page, ô lances brûlantes et désirs contrariés, enfer de création sous la rigueur des formes, comment fait-il pour ne pas tomber dans la folie de ce paradis, comme les gens disent en arrivant ici mais qu’est-ce que ça veut dire le paradis, si c’est la mer, les palmiers, les nuits d’été, les gens se fixent sur une idée du paradis mais le paradis ne change pas ce fait que toi et moi, je le redis donc, ici, au paradis, toi et moi nous ne sommes pas d’accord, même si tu prétends que nous le sommes, d’accord, c’est encore une fois sur ce point que je dois revenir, et j’y reviens, j’ai le temps, tu dis que nous sommes d’accord, qu’au fond nous sommes d’accord mais justement, au fond, il semblerait que nous ne soyions pas tout à fait d’accord, or il faut bien comprendre ceci, qu’en la matière, ne pas être tout à fait d’accord, c’est être tout à fait en désaccord, qu’en la matière, soit nous sommes d’accord, soit nous ne le sommes pas, nous ne pouvons pas être en partie d’accord car en cette matière la partie est indissociable du tout, et nous ne pouvons pas davantage être presque d’accord, ni à moitié d’accord, si c’est oui c’est oui, si c’est non c’est non, et là j’en suis bien désolé mais  tu imagines que nous sommes d’accord parce que, d’après toi, bien que sans l’être, au fond nous le serions, tu dis que nous sommes d’accord alors que je dis que nous ne le sommes pas, cela revient à dire que nous sommes au moins d’accord sur ce point, ce seul point, que nous ne sommes pas d’accord sur le fait d’être d’accord ou pas, et ce seul accord sur le désaccord suffit à détruire tout autre accord, il suffit de ce seul accord sur le désaccord pour faire disparaître d’un seul coup tous les autres accords, tous ces accords auxquels nous serions parvenus n’étant qu’une illusion fondée sur l’illusion d’un accord primordial, illusion fondatrice d’un accord primordial, illusion à laquelle tu sembles vouloir encore et toujours te raccrocher mais voilà, certains accords sont plus importants que d’autres et le plus important de tous les accords est bien d’abord d’être d’accord sur le fait d’être d’accord, je veux dire entièrement d’accord, ce qui inclut le fait d’être d’accord sur le fait que nous sommes d’accord, or c’est justement ça que je dois contester, cet accord primordial, il me faut le contester, je conteste l’accord primordial et tu peux toujours dire, comme souvent je t’ai entendue le dire pour arrondir les angles, louable intention, que sans être tout-à-fait d’accord, nous le serions presque, c’est-à-dire qu’il ne manquerait presque rien pour que nous soyions d’accord, il se trouve, figure-toi, que presque rien n’est pas rien, presque rien est tout, ça me fait d’ailleurs penser à Jankélévitch, je peux l’évoquer d’autant plus volontiers que je sais que tu connais Jankélévitch, enfin tu es censée le connaître étant donné que c’est toi que m’as fait lire Jankélévitch, il est bien, ce Bandol, je me ressers un verre, j’aurais dû en acheter plusieurs, il est plus que correct, je ne sais pas ce que tu en penses, avec le rouget ratatouille un Bandol c’est tout à fait bien, il faut manger du rouget, c’est un poisson de roche, c’est très bon, et la ratatouille ça peut être le pire des plats mais c’est aussi le plat des plats, la puissance des puissances, mais est-ce qu’il faut, ou non, faire revenir les légumes à part, est-ce qu’il faut griller la peau des aubergines ou peler les tomates, est-ce qu’il faut mettre ou pas des courgettes, est-ce qu’il faut le romarin frais sur sa branche et le thym en bouquet, difficile de trancher, il y a plusieurs écoles de la ratatouille, j’ai mon école, ma mère a son école, nous sommes, ma mère et moi, presque de la même école bien que j’aie fondé malgré moi, par le simple effet de mon autorité culinaire, une école dissidente de la ratatouille dont je tire une certaine fierté, tu n’as pas d’école car tu n’as pas cette culture de la ratatouille ni de l’école de la ratatouille, cependant j’admets que tu as fait de louables efforts pour te rapprocher de l’art de la ratatouille tel qu’enseigné par moi et en te pliant aux règles de l’école d’ici, mais presque réussir n’est pas réussir et presque réussir une ratatouille n’est pas réussir une ratatouille, mais bel et bien rater la ratatouille, entre la ratatouille et la presque ratatouille il y a tant de distance que la presque ratatouille n’est pas une ratatouille, ce qui nous renvoie à Jankélévitch, rappelle-toi Le je ne sais quoi et le presque rien, que tu as voulu que je lise et que j’ai lu mais que je n’ai pas lu pour te faire plaisir, que j’ai lu parce que je le voulais, et non à cause de ce désir que tu as de partager toutes tes lectures avec moi, un désir qui n’a pour résultat que de tuer mon désir, un désir pour le moins étrange et inquiétant, à croire que tu voudrais créer, ou recréer ou inventer entre nous, par ces lectures que nous aurions eu en commun et devrions toujours avoir en commun et qui effectivement, je le conçois, auraient pu et pourraient créer ou recrééer entre deux personnes une complicité, je ne dis pas intellectuelle mais simplement culturelle, c’est-à-dire sociale, conversationnelle, mondaine, fondée sur ce je ne sais quoi, justement, des manières mondaines, auraient démontré ou du moins fait croire à une proximité sinon véritable et sincère, du moins futile et agréable, une entente sinon fondamentale, du moins un esprit de légèreté, et sans doute en as tu l’espoir, bien que la légèreté ne soit pas, reconnais-le, ta première caractéristique, cependant, je me racle la gorge, il se trouve que ces conversations sur les lectures sont, malheureusement, suivant les personnes et leur éducation, et je le déplore, la plupart du temps terriblement lourdes et grossières du fait que, je me reracle, la bêtise et le sérieux faisant si bon ménage, il y manque cet esprit de légèreté qui n’est apparemment pas donné à tout le monde, si bien que ces conversations sur les livres m’ennuient, mais m’ennuient à mourir, je n’ai pas donc pas lu Jankélévitch pour l’avoir lu ni pour parler de je ne sais quoi ou de presque rien en société, dans cette société dont tu ne présentes malgré tes efforts que la carricature, non je l’ai lu parce que je le voulais et d’ailleurs je l’ai peu lu, je l’ai lu en diagonale, des pages au hasard, c’était à l’époque où il y avait l’étagère dans les toilettes du premier, avant que tu décides d’enlever l’étagère pour repeindre, ce projet de peinture n’avait aucun sens mais je t’ai laissée faire, j’en avais eu sans doute assez de ces sempiternelles discussions autour de tes nouveaux projets, projets sortis d’un chapeau, innombrables projets sur lesquels il me faut toujours finalement donner mon accord, c’était donc encore un de ces pénibles projets, un projet personnel de peinture dans les toilettes qui aurait dû me concerner, sur lequel j’avais normalement un mot à dire mais évidemment, ce mot j’ai finalement renoncé à le dire, d’ailleurs ce projet s’est effectivement transformé en fiasco parce qu’il n’avait rien de nécessaire ni d’intéressant ni de constructif et tu l’as finalement abandonné, sans remettre l’étagère dans les toilettes, comme toutes ces choses que tu entreprends de manière impromptue et parfaitement arbitraire, me consultant pour la forme, mais ayant déjà pris ta décision et sans considération de mes remarques ni de mes analyses mais après tout je n’en étais plus à me battre pour une histoire de peinture, qui plus est dans les toilettes, enfin cette étagère je ne sais pas ce que tu en as fait, ne me réponds pas, ce n’est pas la peine, ce n’est plus la peine, je ne vais pas entamer cette discussion sur l’étagère, je ne parlais de l’étagère que pour évoquer Jankélévitch, qui y était, tu t’en souviens peut-être, sur cette connerie d’étagère, donc, je fais claquer mon zippo, Jankélévitch je l’ai lu dans les toilettes à cette époque de l’étagère, et sans prétendre l’avoir vraiment lu mais a-t-on jamais vraiment lu un livre, surtout de philosophie, je l’ai cependant assez lu pour en parler sans avoir l’air d’en parler sans l’avoir lu, ce que font les gens qui ne lisent pas mais qui prétendent lire, ce qui n’est pas mon cas, quand je lis je lis et si je ne lis pas je ne lis pas, je lis parfois des livres, ne t’en déplaise, et j’ai lu aussi de très nombreux extraits de Jankélévitch, parfois j’ai même approfondi un passage en le relisant plusieurs fois par jour, assis ou debout, j’aime bien lire debout, parfois je lisais une phrase au lever, debout, une page après mon café, assis, quelques mots à l’apéro, debout, je l’ai donc lu de différentes manières, j’en ai fait une lecture certes décousue mais intense et même par moments méditative et productive, c’est pourquoi je me permets d’évoquer Jankélévitch, je pense en effet que tu pourrais y prêter une certaine attention étant donné que tu as eu, rappelle-toi, une phase Jankélévitch, je me souviens de cette phase, qui a suivi ta phase Bergson, après cette phase Schopenhauer, assez pénible d’ailleurs et avant ta fameuse époque, je dis époque étant donné la durée, donc ta fameuse grande époque Foucault et Deleuze, tes Bouvard et Pécuchet, comme j’aime à les appeler, comme ils auraient peut-être aimé qu’on les appelle, ou peut-être auraient-ils préféré qu’on les appelât, j’emploie ce temps, qu’on les nommât Laurel et Hardy,  Mercier et Camier puisque ça t’intéresse, et à ce propos, de Mercier et Camier, j’en profite pour te prévenir que ces deux-là, que tu traines partout, que tu affectionnes au-delà du raisonnable, loin de résoudre tes problèmes, ne résoudront rien du tout, ni Beckett, il ne résoud rien, Beckett n’a jamais rien résolu, ni Mercier ni Camier ni Beckett, pas plus que les autres dont tu t’es entichée mais ça n’a pas d’importance, le temps passera aussi sur ceux-là comme sur les autres, enfin si Mercier et Camier sont apparemment tes nouveaux amis, que tu promènes comme des petits chiens partout où tu vas, j’ose espérer que tu n’as pas pour autant complètement renié Jankélévitch, parce que Jankélévitch pourrait t’aider à admettre que certaines affirmations ne peuvent pas être incomplètes, l’affirmation je t’aime, par exemple, qui voudrait de cette déclaration, je t’aime presque, ce qui pourtant mériterait d’être considéré comme une possibilité, les gens sont idiots à propos de l’amour et ce n’est pas d’aujourd’hui, ainsi donc en est-il de l’amour, qui doit se présenter entier, sans conditions ni limite, ainsi en est-il aussi de l’accord entre toi et moi, de ce presque d’accord que tu voudrais me faire prendre pour un accord, tu prétends que nous sommes d’accord sur le fond parce que tu préfères penser que nous n’avons qu’un désaccord de surface, mais il me semble que tu devrais considérer cette hypothèse, que si nous sommes presque d’accord, cela signifie que nous ne sommes pas d’accord du tout, c’est aussi simple que ça, quand je te dis que nous n’avons jamais été d’accord, tu me réponds que tu n’es pas d’accord, que nous étions d’accord, au début, dis-tu, et tu prétends que nous pourrions revenir, comme par enchantement, d’ailleurs, grâce à une sorte de tour de passe-passe, peut-être, aux premiers temps auxquels tu te réfères comme à un âge d’or, ces premiers temps, d’après toi, où nous étions d’accord, qui auraient été l’âge d’or de l’accord entre nous, mais encore faudrait-il que je reconnaisse, pour ma part, l’existence de cet âge d’or des premiers temps, que je confirme cet accord initial et fondateur sur lequel aurait reposé l’édifice de tous nos accords et désaccords subséquents, je dis subséquents, c’est un mot que j’emploie de temps en temps, mais l’âge d’or n’est qu’un mythe, une invention du passé, l’âge d’or est le dépôt de ces chimères et de ces vieilles tragédies dont je suis fatigué à force de t’entendre mais il y a encore à boire, il est bien ce Bandol, pas tout à fait assez frais mais c’est un Bandol, le Bandol peut supporter de ne pas être très frais, trop frais tue les arômes, ce Bandol va très bien pour ici et maintenant, se boit ici et maintenant, sur la terrasse, la nuit, quand on n’entend plus les rumeurs de la plage ni le cri des cigales, il doit être onze heures, ou minuit peut-être, entre onze heures et minuit, en tout cas il fait nuit claire et le vent est tombé, la lumière du phare, et la lune, les morceaux de lune sur la mer, la lune sur la mer, un tableau kitsch une fois qu’on le pense, une fois qu’on le transcrit, la lune sur la mer, la réalité comme un tableau, un poème comme un tableau, et ces dessins sur les murs et les portes, Sainte Maxime, Saint Tropez, et l’éphèbe de la chambre, les épaules égyptiennes et la capuche en tête de chien là c’est de l’art, c’est Cocteau, mais la lune en morceau sur la mer et l’autre au ciel, grande et jaune, on dirait qu’elle est lourde, l’art n’est rien dans la nuit où je suis, au point où nous en sommes, puisque c’est nécessaire d’y revenir encore et encore, c’est à se demander si je m’exprime clairement, il semble pourtant que j’use d’un vocabulaire à la portée de n’importe qui, je ne crois pourtant pas parler un langage compliqué, ni abstrait, encore moins universitaire, je m’en voudrais, l’universitaire de nous deux ce n’est pas moi, et sans vouloir t’offenser ni offenser les universitaires, je n’ai jamais pensé qu’il faille compliquer les problèmes par le langage, je ne crois pas que la connaissance y gagne quoique que ce soit, je serais plutôt de l’avis contraire, comme dit l’adage, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et bien qu’il y ait peut-être quelques exceptions, je pense que nous pouvons nous en tenir à cet adage, en tout cas, me concernant je m’y tiendrai, à cet adage, qui n’est pas un principe, je n’ai pas pour habitude de me référer à des principes mais, je le redis, il s’agit d’un adage, je suppose que tu sais ce que c’est qu’un adage enfin au cas où tu ne le saurais pas, un adage est souvent l’expression d’une sagesse populaire, mais ne t’en déplaise, un adage est parfois issu d’un art poétique et il se trouve, peut-être le sais-tu, j’en serais néanmoins surpris car ce n’est pas ce qu’on étudie à l’université, et c’est sans doute fort regrettable, que c’est à l’art poétique que nous devons cet adage, et plus précisément à l’Art poétique de Boileau, je ne vais pas te dire qui était Boileau, l’auteur de cet adage, un adage dont je fais volontiers, plutôt qu’un principe, une philosophie, allez, une fois n’est pas coutume, osons le dire, ce mot de philosophie, après tout il n’est pas réservé à une profession, je n’y ajoute aucun effet de manche, du moins je l’espère, car il n’y a rien qui me semblerait plus ridicule que la prétention philosophique aujourd’huisi répandue parmi les professionnels de la philosophie, ceux qui passent à la télé et je ne sais encore où mais là n’est pas le sujet, c’est une parenthèse, que je crois néanmoins utile afin qu’il n’y ait pas de malentendu à propos de la philosophie dont je me réclame et que résume l’adage, donc issu, je l’ai appris récemment, par hasard, usant du dictionnaire pour faire mes mots fléchés, niveau quatre, de l’Art poétique, de Boileau, et non comme on pourrait le penser, du Tractacus logico-philosophicus, de Wittgenstein, et bien que cela n’en soit pas très éloigné, puisque ce Tractatus, de Wittgenstein, que tu n’as pas lu, que j’avais eu l’idée de t’offrir pour ton anniversaire mais sans doute était-ce une erreur puisque tu ne l’as pas ouvert, que je t’avais néanmoins offert à cause de cette phrase, en avant-propos du Tractacus, phrase dont tu ne te souviens pas puisque tu ne l’as pas lu, mais voilà ce qu’il affirme, Wittgenstein, dans l’avant-propos, deuxième paragraphe, il affirme ceci, tout ce qui peut proprement être dit peut être dit clairement, tu as compris, tu n’as pas compris, je répète, tout ce qui peut proprement être dit peut être dit clairement, c’est de la logique, une logique de la clarté logique, une logiques du logos qui veut dire langage et qui veut dire parole, en grec, si tu veux, mais cette logique du langage n’est pas toujours assez claire pour les gens qui parlent à tort et à travers, c’est pourquoi il ajoute, quel génie ce Wittgenstein, je cite, sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence, autrement dit, je simplifie pour que tu comprennes, quand on n’a rien à dire, il vaut mieux de se la fermer, voilà ce qu’il préconise et voilà qui demande parfois quelques efforts, et tu comprends maintenant pourquoi j’ai pensé que Wittgenstein pourrait t’apporter quelque chose et pourquoi je devais te l’offrir à ton anniversaire, enfin tu lis Beckett, évidemment dans Beckett il n’y a pas de phrase aussi importante que cette phrase de Wittgenstein, je ne sais pas si Beckett avait lu Wittgenstein, j’en doute, ou alors il n’a rien retenu, en tout cas même si Beckett a lu Wittgenstein et s’il a retenu quelque chose du Tractatus logico-philosophicus on ne peut pas en dire autant de Mercier ou Camier,  tu ne trouveras certainement pas chez Mercier ni chez Camier la moindre influence de Wittgenstein, ce que je trouve regrettable, car tu aurais pu, par Mercier ou par Camier, puisque tu les aimes tant, avoir un premier contact avec Wittgenstein, un Wittgenstein simplifié bien entendu, au niveau des cerveaux limités de Mercier et Camier mais qui aurait pu te donner envie d’ouvrir un jour ou l’autre, grâce à l’entremise improblable d’un Mercier ou d’un Camier, ton cadeau d’anniversaire, un cadeau que j’avais mis du temps à choisir parce qu’en ce temps-là je voulais encore que mon cadeau ait un sens, je cherchais à satisfaire ce rituel de l’anniversaire auquel tu semblais si attachée, je ne m’intéressais pas davantage qu’aujourd’hui aux anniversaires mais je jouais ce jeu, de l’anniversaire, je m’y pliais sans joie et sans illusion mais disons que j’acceptais encore cette cérémonie, ce cérémonial de l’anniversaire et ses bougies sur le gâteau, je n’ai jamais apprécié ces moments dans les anniversaires, tu le sais, et j’ai particulièrement eu toutes les peines à m’occuper de ce moment de ton anniversaire, où il faut chanter devant les bougies, je peux le dire maintenant, ton anniversaire est devenu chaque année de plus en plus pénible, cette obligation de fêter le jour de ta naissance n’a jamais été que stupide et ce dernier anniversaire a été d’entre tous le plus insupportable, cette obligation de fêter ton anniversaire m’a compliqué la vie et pourtant je l’ai fait, j’ai invité les amis et je t’ai acheté ce cadeau qui ne servait à rien, tu n’as pas été sans remarquer le manque de joie de ce moment joyeux, tu as pourtant tout fait pour faire la joie, tu as joué de la musique pour la joie, tu as embrassé tous les amis pour la joie et tu as ouvert tes cadeaux et tu as remercié avec empressement pour la joie mais il n’y avait vraiment rien à faire, on ne peut pas vouloir la joie, la joie est là ou elle n’est pas là, toi tu crois que la joie se fabrique mais la joie n’est pas un effort de joie, la joie est la joie, mais passons, l’année de Wittgenstein j’étais encore naïf et j’essayais de dire quelque chose de vrai avec ce cadeau, à l’époque je pensais encore qu’il serait possible de changer les choses avec une phrase, je me figurais, en ce temps-là, qu’une phrase pouvait changer les choses, et Wittgenstein m’avait paru de très bon conseil te concernant, puisque, comme tu l’avoues volontiers, tu parles à tort et à travers, et de préférence de sujets dont tu ne devrais pas parler et ce pour diverses raisons, dont la première évidemment est qu’ils te dépassent, sujets que tu évoques pourtant de la façon la plus triviale du fait de ton manque de jugement, et de la façon la plus emphatique du fait de tes diplômes, diplômes qui t’honorent, certes, mais ne te qualifient évidemment pas au-delà du domaine restreint qu’ils délimitent, un domaine comme tu le dis toi-même, aussi spécialisé qu’inutile, là je te cite, mais oublions Wittgenstein, ce qui sera d’autant plus facile pour toi que tu ne l’as pas lu, et concentrons-nous sur Boileau, que tu aurais pu lire, puisque tu te piques de poésie mais est-ce de la même poésie, qu’est-ce que la poésie, et qu’est-ce que la poésie d’après toi, comment savoir ce qu’est la poésie, la poésie est-elle toujours la poésie, c’est un sujet dont je préfère ne pas débattre, avec toi, ce soir, qu’importe, quoiqu’il en soit Boileau ne dit pas autre chose que Wittgenstein, mais de manière différente et je t’accorde que la manière compte et il y a certainement une manière Wittgenstein et une manière Boileau, la manière de Boileau, cette manière de voir de Boileau, qui s’exprime clairement, d’une seule ligne, la ligne simple de la craie sur le mur, d’un trait il fait la courbe du torse et descend à la hanche, et crée dans ce mouvement l’ambiguité du corps, ni homme ni femme, debout devant la mer, la clarté du bleu n’est pas dans cette mer à peine imaginée par une horizontale mais dans ce trait unique qui la délimite, l’eau sous la ligne, choisir Boileau en buvant du Bandol ça te fait marrer, tant mieux si je t’amuse, c’est donc que tout n’est pas tragique, on peut être sérieux sans être tragique, la tragédie c’est très bien, je n’ai rien contre, ni contre la comédie d’ailleurs mais là je parle de Boileau et c’est sous cet angle, de Boileau, plutôt classique, en effet Boileau, si tu veux savoir, tu ne connais pas tes classiques, ça n’a pas importance, je me demande d’ailleurs ce qui est important, la poésie, sans doute, et là tu devrais être contente pour une fois que je me réclame de la poésie, dont tu parles à tort et à travers mais est-ce que tu sais ce qu’est la poésie, garder le silence, la poésie gardera le silence, les cigales se taisent, la poésie des cigales, pas les cris mais quand elles se taisent, ne pas penser à la poésie ni celle des cigales endormies dans des trous, moi je te l’avoue, en ce qui me concerne, la poésie je ne sais pas, je n’ai aucune idée de ce qu’est la poésie et même si je le savais qu’est-ce que ça changerait, encore faudrait-il que la poésie soit possible, encore faudrait-il qu’il reste une possibilité poétique, ce dont je ne suis pas certain, non que j’accorde beaucoup d’importance aux déclarations définitives sur la poésie, ni sur l’art en genéral, d’ailleurs je ne sais pas non plus ce que c’est que l’art, et qui peut le savoir, mais je parle et je parle alors qu’il n’y plus rien à boire, je vais chercher une bouteille, pendant ce temps-là tu peux toujours regarder les étoiles, les voir sans y penser, suivre les filantes, d’accord, pendant qu’il cherche à boire tu les vois, les étoiles, les filantes, qu’on appelle Perséides, avec son père il regardait le ciel, c’est un souvenir qu’il a avec son père qui lui désignait la Grande ourse, la Petite ourse, Cassiopée, la Girafe, Persée et les pluies de météorites, lui montrait, son père, l’essaim des Perséides, il restait longtemps à côté de ce père, allongé par terre à côté de son père à dire le nom des constellations, les mains sous la tête et maintenant il te dit de regarder les étoiles, il t’envoie aux étoiles, qu’est-ce qu’il a d’autre à te proposer que les étoiles et ce moment avec son père, un Château Romassan, un peu plus de longueur en bouche, fleur d’oranger, épices, vraiment pas mal tu verras, mieux que celui-là qui manquait un peu de corps, mais au moins il n’avait pas l’acidité ni l’odeur de gasoil de ce Rosé de Provence apporté par ta sœur et ton beau-frère, ils ont cru bon d’apporter du vin et de quoi faire le dîner, je ne savais pas où ranger toutes leurs courses, comme si c’était ce qu’on mange ici, c’est bien gentil mais un gigot, alors que tu ne supportes pas l’agneau, qu’est-ce qu’on peut en faire, un gigot d’agneau c’est à croire que ta sœur ne connaît pas sa sœur, personne dans ta famille ne semble d’ailleurs sintéresser à toi, même ta sœur qui prétend être si proche de toi et t’écrit régulièrement et te téléphone, je sais très bien qu’elle te téléphone et qu’elle t’écrit et je ne veux pas savoir ce qu’elle te raconte, cela ne me regarde pas, ce que ta sœur peut bien te raconter et d’ailleurs je doute que ce soit d’un  grand intérêt, bien que ta sœur ne soit pas stupide, non personne n’a jamais dit que ta sœur était stupide, à bien des égards ta sœur est même certainement plus intéressante que certains de tes frères et sœurs, des musiciens presque incultes, ta sœur a sans conteste fait quelques efforts d’émancipation sociale mais je ne sais pas ce qui lui passe par la tête, à ta sœur, d’apporter un gigot tandis que ce n’est pas la saison du gigot et que personne ne l’a chargée de s’occuper des repas, sans doute était-ce une intention, quoiqu’il en soit il n’y avait plus de place dans le frigo et c’était idiot de le garder puisque ce gigot ne serait pas mangé, voilà pourquoi j’ai préféré le jeter, je n’ai pas pour habitude de jeter la nourriture mais tu admettras que garder un gigot ne sert à rien si on ne le mange pas, je ne crois pas qu’il faille en faire une histoire de ce gigot de ta sœur d’ailleurs elle n’a rien dit quand j’ai jeté le gigot, elle n’a pas fait de commentaire, elle n’a pas essayé de se défendre, elle n’a pas essayé de défendre son gigot, elle a continué de couper ses tomates, ta sœur ne sait pas couper les tomates, je ne sais pas si tu as remarqué, elle les coupe dans le mauvais sens, elle semble ignorer qu’il y a un sens pour couper les tomates, que ce sens n’est pas une manie mais correspond à la stucture de la tomate, à la configuration de la tomate, je parle de la ronde et pas de la romaine, la romaine évidemment c’est différent mais la ronde, c’est pourtant une évidence, doit être coupée dans le sens permettant que les tranches se tiennent et ne répandent pas leur jus pour ne laisser que les côtes mais il faut croire que la logique de la tomate n’est pas universellement répandue, ce n’est pas si grave, tu me diras, le sens de la tomate, mais c’est tout de même significatif d’une incompétence plus générale, ce sens de la tomate, parce que si l’art de découper la tomate n’a au fond pas d’importance alors peux tu me dire ce qui est important, si les règles de la découpe de la tomate n’ont aucune importance, si l’art et la manière n’ont aucune importance alors rien, sans doute, n’est important, je reconnais volontiers que c’est une broutille et que je devrais peut-être laisser ta sœur massacrer les tomates, surtout que je ne crois pas pouvoir jamais changer les manières de ta sœur, la gaucherie de ta sœur, qui est gauchère, il est vrai, mais les gauchers ne sont pas nécessairement gauches, ta sœur est gauche, tant pis pour elle, au fond, que ta sœur coupe les tomates dans un sens ou dans l’autre, ce n’est pas non plus une affaire d’Etat, je ne dis pas que c’est une affaire d’Etat, je reconnais qu’il existe peut-être une autre école de découpage de tomates, une école parisienne, peut-être, je regrette simplement que tu n’aies pas jugé utile de m’informer que ta sœur apporterait toute cette nourriture car j’aurais pu m’organiser autrement, je n’ai rien contre le fait que ta sœur occupe la cuisine et coupant les tomates et en essayant de se rendre utile mais ta sœur apporte non seulement la nourriture, une certaine nourriture, mais aussi tout ce qui correspond à cette nourriture, c’est-à-dire qu’elle apporte une certaine pratique culinaire assez peu adaptée, tu en conviendras, au lieu où nous sommes et à la culture d’ici, par exemple cette salade de tomates de culture espagnole qu’elle a voulu nous servir avec son persil de supermarché, arrosé d’huile d’olive de la communauté européenne, tu conviendras que ce n’est pas conforme aux habitudes d’ici mais qu’importe, je n’ai rien dit sur les tomates, j’ai pris sur moi les tomates, j’ai servi un pastis à ta sœur, j’ai proposé des olives d’ici, ta sœur a parlé de Cocteau et du paradis et du bonheur, nous avons échangé des propos insignifiants, avec ta sœur, sans commentaire sur les tomates, j’avais décidé, pour toi, d’épargner ta sœur  et c’est là que ta sœur a commencé à me parler de toi, c’est là qu’elle a voulu me confier toute son inquiétude et a commencé à m’entreprendre sur les problèmes que tu aurais, car il paraît que tu as des problèmes.

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