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Billet de blog 24 avril 2012

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La langue empoisonnée

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“Les mots peuvent être comme de minuscules doses d'arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu'après quelque temps l'effet toxique se fait sentir. Si quelqu'un, au lieu d' "héroïque et vertueux", dit pendant assez longtemps "fanatique", il finira par croire qu'un fanatique est héros vertueux et que, sans fanatisme, on ne peut pas être un héros. Les vocables "fanatique" et "fanatisme" ne sont pas inventés par le troisième Reich, il n'a fait qu'en modifier la valeur et les a employés plus fréquemment en un jour que d'autres époques en des années. Le Troisième Reich n'a forgé, de son propre cru, qu'un très petit nombre des mots de sa langue, et peut-être même vraisemblablement aucun. La langue nazie renvoie pour beaucoup à des apports étrangers et, pour le reste, emprunte la plupart du temps aux Allemands d'avant Hitler. Mais elle change la valeur des mots et leur fréquence, elle transforme en bien général ce qui, jadis, appartenait à un seul individu ou à un groupuscule, elle réquisitionne pour le Parti ce qui, jadis, était le bien général et, se faisant, elle imprègne les mots et leur forme syntaxique de son poison, elle assujettit la langue à son terrible système, elle gagne avec la langue son moyen de propagande le plus puissant, le plus public et le plus secret.” (Victor Klemperer, LTI, La langue du IIIe Reich, 1947, Paris, Albin Michel, Agora Pocket, 2002, p 40-41)

Jeu de plage, ou sujet de brevet des collèges 

Vous releverez, dans les extraits de la langue suivants, ce qui

1. change la valeur des mots 

2. transforme en bien général ce qui appartenait à un seul individu ou à un groupuscule

3. réquisitionne pour le Parti ce qui était le bien général 

La France des mosquées - l’Europe des banquiers- Trahison Imposture -Double langage - Mensonges- Détroussé notre peuple, Volé le pouvoir d'achat, Pulvérisé la laïcité - Arraché à notre peuple - Les élites - Les puissants - Les riches - Les usuriers - Les intérêts des gros - Les aristocrates du système-  Une poignée de profiteurs cyniques - Les membres influents de cette petite oligarchie - La caste qui nous dirige - Racket institutionnel -Tout le système coalisé - Les banquiers européens - Les grandes sociétés du Cac 40 - Les prédateurs financiers - Mettre au pas les élites mondialisées - Les rabateurs - Les barons- Les révolutionnaires de salon - Les serviles ministres du système - Le joug du mondialisme - Le capitalisme libéral financier - La presse, les instituts de sondage, les penseurs , les experts, les intellectuels - Les  grands experts, les économistes - L'Europe de Bruxelles - Le désordre établi - l'immigration massive - La France mourrait - La France serait morte -  Magouille - Accointances - Corruption - Symphonie pathétique de menteurs associés - La France des clochers et des terroirs, des grandes régions industrielles, des pêcheurs, de ceux qui travaillent et qui souffrent - La Bataille de France ne fait que commencer - Des millions de Français sont entrés en résistance - Continuons le combat - Le descenseur social - L’ornière mondialiste et immigrationniste - Le magma européiste et mondialiste - Protéger les Français - Protection culturelle - Exception française - La seule candidate de la Nation, de la République, de l’unité nationale, la Nation, le Peuple - Immigration massive - Croire en la France -  Français amoureux de leur drapeaux - Fiers de leur pays.

Bon. Stop. J’ai mal au cœur.

Du coup ça me rappelle encore Victor Klemperer. 

“Je ne peux m’empêcher de repenser à la traversée que nous fîmes, il y a de cela vingt-cinq ans, de Bornholm jusqu’à Copenhague. Pendant la nuit, la tempête et le mal de mer avaient fait rage ; à présent, on était assis sur le pont, par une mer calme, dans le beau soleil matinal et l'on se réjouissait à l’idée de prendre un petit déjeuner. Alors, une petite fille se leva à l’autre extrémité du long banc, courut jusqu’au bastingage et vomit. Une seconde plus tard, sa mère qui était assise à côté d’elle se leva et fit de même. Immédiatement après ce fut le tour du monsieur à côté de la dame. Puis un jeune garçon, puis… le mouvement se propagea de manière uniforme et rapide le long du banc. Personne n’y échappa. A l'extrémité où nous étions, on était encore hors d’atteinte ; on regardait, l’air intéressé, on riait, on prenait un air narquois. Et puis les vomissements se rapprochèrent, les rires se turent et, de notre côté aussi, on courut au bastingage. J’observais attentivement autour et à l’intérieur de moi. Je me disais qu’il existait une volonté ferme et je me réjouissais à la perspective du petit déjeuner - cependant, mon tour arriva et je fus contraint de me précipiter au bastingage exactement comme tous les autres.” (Victor Klemperer, LTI, p.69-70)

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