Pour faire une bonne rentrée il faut un enfant. Sans enfant point de rentrée. Ensuite il faut que l’enfant aille à l’école. Pour aller à l’école, un enfant doit être apte, c’est à dire en vie. Tout le reste est facultatif. Mais des enfants sans vie c’est pas la peine, il vont rien faire à l’école. De toutes façons des enfants sans vie c’est difficile à concevoir, même pour s’occuper, des poupées si vous voulez, ou pour manipuler, des marionnettes, les enfants sont pas des poupées ni des marionnettes. Les éducateurs et les psychologues le disent, c'est dangereux pour un enfant d’être confondu avec une poupée ou une marionnette, si on fait ça avec un enfant, de le confondre, il devient tout mou et il se laisse tomber. Car tout enfant est animé comme les autres animaux qu’on appelle humains, sinon il tombe sans vie.
Avec un enfant tombé il faut y aller doucement, pas tout d’un coup, on peut l’emmener à la mer, ça c’est bien la mer mais c’est aussi parfois trop large alors pas la mer en face, peut-être au début seulement le mot mer qui évoque très bien la mer et permet de sentir la pensée de la mer sans déplacement de corps ni agitation de l’âme, comme on dit pour désigner le psychisme avec poésie ou religion, ou par référence et pour s’amuser. N’empêche, avec l’âme il faut faire gaffe. Il y a en effet dans les profondeurs de l'âme, ou au fond de l'homme intérieur, un monde d'idées ou de sentiments, dont tout ce qui est à la surface, tout ce qui peut se nommer ou se peindre, n'est qu'une ombre fugitive, et c'est dans ce fond que nous trouvons ce qui est et ce que nous sommes réellement ou substantiellement, tout autre que ce qui paraît. C’est typique. Si un de ces enfants tombé sans vie vous dit qu’il n’est pas du tout qui on croit qu’il est, c’est qu’il a une âme, autrement dit qu’il est animé comme les autres animaux qu’on appelle humains, ce qui est bon signe, oui, très bon, mais attention, faut pas pour autant le secouer, le secouez pas, souvenez-vous qu’il a déjà été secoué comme une poupée et une marionnette, or les pédiatres et les psychologues le disent bien, qu’il faut jamais secouer un enfant. Des enfants meurent chaque année des suites de violentes secousses effectuées par leur père, leur mère ou une autre personne, quelquefois par inadvertance. Paraît-il.
Certaines poupées et certaines marionnettes peuvent devenir des vrais enfants en vie, par extraordinaire. Pinocchio, en effet. Mais c’est rare. Il faut des parents imaginatifs. Un parent qui n’a pas d’enfant avec vie est parfois si imaginatif qu’ils souhaite que sa marionnette aille à l’école pour apprendre et grandir comme les autres enfants et il lui dit d’être bien sage en faisant des signes de la main et de bien écouter mais l’enfant est déjà trop loin pour entendre, et d’ailleurs, il est probable que cet enfant par extraordinaire ne deviendra pas ce que le parent espérait Le parent imaginatif s’en doutait, un vrai enfant en vie par extraordinaire est souvent imprévisible.
Je me souviens, pense le parent, quand je marchais avec Supertramp dans la tête, le début de School à l’harmo je le jouais, la main droite faisant tourner le son du dehors au dedans, moi l’enfance ça me faisait déjà marrer alors que je connaissais rien du reste. L’école je m’en foutais, Roger Hogson et moi on pensait pareil, you’re comin’ along. Maintenant l’école elle me fait peur, je me demande comment faire à la rentrée pour un enfant tombé. Peut-être qu'il suffit d'être zen. C’est ce qu’ils disent dans les hypermarchés, que le mieux c'est d'acheter les cahiers pour une rentrée zen, c’est à dire conforme à une branche de bouddhisme mah y na qui insiste sur la méditation (dhy na) à partir de la posture assise dite de zazen. Ou alors couvrir des livres et ranger le bureau, se charger de l’ancien sac de cours noirci au marqueur, jeter le sac de douleur. Lui dire aussi, comme Roger Hogson, t’en fais pas pour la rentrée, avec ton âme, tu verras, you’re comin’ along.
Billet de blog 27 août 2012
School
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