L’argenterie aussi jaunie
Que les vieux souvenirs de bouche
Le thé vert servit dans un mug
Une main alerte mais tachetée
Le sourire perdu dans la mémoire
Aussi jauni que l’argenterie
Une cigarette au bec au doigt à portée
Et toujours cette envie de s’en aller
Le son du piano plutôt que les voix
Des gens du monde
Plutôt que l’amour des années
Avec toujours cette montre
Sans jamais connaître l’heure
L’heure malgré le temps et l’envie
Marcher encore enfin pouvoir marcher
Les jambes accrochées à la terre
Sans vouloir regarder
Mais voir les silhouettes
Des formes quoi
Si ce n’est qu’un cul dans la rue
Un sourire aussi blanc qu’un lys
Sans jamais demander pardon
La mer éternellement devant soi
Aussi vive que la mémoire
Sans rien demander à la vierge
Un café quelquefois en terrasse
Avec la mer en face pour elle
Pas pour le café
Plus besoin de compter les heures
Ou les jours
Le glas a déjà si souvent sonné
Que l’on se traîne comme un lombric
Et pourquoi le train attendrait-il
Les trains n’ont plus de filles.