Emporté par la ville en pleurs
Emporté par le chant des sonnailles
Au milieu des sillons boueux
Au milieu des tables renversées
Les yeux levés vers le ciel
Les yeux levés vers elle
Caressant l’idée de partir
Caressant son dos tout mouillé
Un matin de printemps
Un matin encore trop froid
Suivant la route déserte
Suivant la courbe de ses reins
Quand la musique enfin s’élève
Et interrompe les paroles inutiles
Une voiture de police à contresens
Dans la ville qui s’éveille
Pour nous rappeler que le rêve est enchaîné
Que la liberté s’efface sur le papier
Où se traînent les héros traumatisés
Une cigarette qui se consume dans le cendrier
Le verre ne parvient plus aux lèvres
Quand la nuit devient jour
L’horizon devenu soudain blafard
Se lamente des idées dans le sang
Entends-tu les pas des godillots
Dans les bois le silence nous libère
Emportés par le vent les oiseaux s’en vont
Ne restent que quelques plumes sales
Par terre dans la fange humaine
Pose donc le pied sur le képi
Et écrase-le
Il est encore temps de se réveiller
Et d’écouter la musique retrouvé.