
Sans parvenir à toucher le vide
Au-delà d’une envie de rire
Allaient et venaient les amants
Perdus ils étaient au milieu d’ici
Ici ou là ils ne savaient plus
Où aller
Alors que plus loin le monde
Buvait
Clamait son innocence
Et les scrutait d’un œil sévère
Sans le moindre désir de les entendre
Tiens
Prends-moi la jambe
Toi alors prends-moi la main
Mais chacun demeurait immobile
Par crainte de réaliser sa prouesse
Et les lampions vomissaient du sang
A l’étage le boucher égorgeait un agneau
Ou peut-être un cochon
La lueur trop faible ne laissait pas deviner
Le pire
Le pire est toujours à venir
Dit soudain le monde
Mais personne n’osait danser
Les élans ne manquaient pas
Mais les sourires sclérosés en disaient long
Long sur la suite qui ne viendrait certainement
Jamais
Car eux
Les amants
Ne faisait déjà plus partie du monde
En le devenant ils s’en étaient exclus
Comme d’un parti
Jetés au banc des damnés
Dorénavant seuls
Ils se léchaient goulûment
Et le monde écœuré détournait son regard collectif
Pour ne pas voir
Pour ne point imaginer le goût de cette salive
Qui se répandait dans le ciel bleu obscur
C’était pourtant foutrement bon
Alors le rire est venu
La fin du monde aussi.