Les messagers ont repris leurs distances
Dans le ciel bleu balancé de nuages
Aux fonds des tiroirs oubliés
Les voici qui vomissent les mots des autres
Ceux-là mêmes qui se traînent sur les parvis
Inondés de paroles jamais vraiment digérées
Oh là que fais-tu ici mon ami
Avec ta chemise ouverte sur ton poitrail noueux
Quand tout autour des cathédrales englouties
Gisent dans des mares de sang les ingénus aux yeux de démon
Je ne fais rien dit-il en reboutonnant le reste de ses souvenirs
Je ne fais que me promener dans l’air frais du matin
Portant devant le monde les paroles élues
Mon dieu où sont donc passées les chimères des amours interdites
Dans sa cavale le vent les a parsemées
Et le message béni peine à retrouver son chemin
Des voix ici ou là œuvrent péniblement sous les nuages
Et bientôt quand la pluie descendra inexorablement sur les péchés
Le messager égaré retrouvera au fond de sa poche trouée
Les restes de cette expérience que tu persistes à revendiquer
Plus loin
Plus tard
Dans quelque misérable mémoire
Un chat noir
Seul
Les yeux accrochés au fond d’une tasse de café
Essaiera de lire dans le marc
Les pensées amères d’une femme
Qui aurait voulu marcher
Librement
Nue
Sur le parvis désert d’une mer glaciale
Où l’hypothétique amant ne serait jamais venu.
Et puis
Simplement
Dans l’habitude du soir
La nuit serait venue.