Bière tiède à l’heure du petit déjeuner
Glycine en fleurs qui se perd dans le sapin
Talons hauts sur le pavé le long du canal
Cigarette éteinte écrasée au coin de la table
Et derrière le rideau diaphane où se perd l’âge
Une main qui se cherche en recoins amoureux
Perdue au milieu du temps qui guette
Et qui sonne
Chaque heure
Mais aussi chaque demi-heure
Pour rappeler sournoisement
Qui est le maître
Qu’il est encore temps de renoncer
De changer
De s’abstraire
L’idée le besoin l’envie même
Et devant soi l’orage qui veut gronder
Rejeter les bateaux sur la grève
Quand seulement un crachin se perd dans l’atmosphère
Caresses mouillées dans le matin blême
Et que ses pas le quittent déjà
Là-bas
Ici
Comme une rengaine
Un film trop souvent vu
Mieux vaudrait arrêter l’horloge
Faute de pouvoir arrêter le temps
Puis
Le regard contre la vitre
Contre ce monde fermé
Il faudrait essayer de s’échapper
De rejoindre l’immense bonté
D’un premier baiser.