Sit-in, mémorial, pôle de distribution de denrées alimentaire, fourniture scolaire, médicaments et protection hygiéniques. Ce qui s'est tenu lundi au Panthéon a pris la forme d'une manifestation protéiforme. Une occupation de la place du Panthéon quelques jours seulement après le suicide de Sinega Santhirarajah, étudiante de Sorbonne Université le 13 janvier 2021.

Agrandissement : Illustration 1

À l'origine de ce rassemblement qui a réuni une centaine d'étudiant.es d'Île de France il y a des étudiant.e.s militant.e.s qui ont lancé un appel il y a moins d'une semaine sur les réseaux sociaux. Sans affiliation syndicale iels souhaitaient organiser un Sit-In pacifiste devant le Panthéon à deux pas de la Sorbonne mère symbole de l'Université française prestigieuse dont l'excellence est promut par le gouvernement. Dans la mouvance du hashtag #EtudiantsFantômes partagé sur Twitter les étudiant.es présent.es ce lundi s'indignent de leurs conditions d'études et témoignent de leur détresse psychologique et précarité économique.

Agrandissement : Illustration 2

La Sorbonne, loin de l'image d'Épinal c'est aujourd'hui un centre où de nombreuses universités parisiennes se rejoignent, un brassage de milliers d'étudiant.e.s à l'époque où les Facs étaient encore ouvertes. Un lieu symbolique pour les étudiant.es dont les conditions de vie ce sont fortement dégradée depuis le premier confinement.
C'est le sens d'un rapport de la commission d'enquête nommée pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse publié le 16 décembre 2020. On relève alors une baisse du niveau de vie chez les étudiant.e.s interrogés par l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE), 33% d'entre eux déclarent avoir rencontrés des difficultés financières durant le confinement, 16,8% mentionnant qu'iels ont connu davantage de difficultés qu'en temps normal.
Si la précarité étudiante s'était dramatiquement illustrée en novembre 2019 après la tentative de suicide d'Anas Kournif, étudiant à Lyon 2 s'immolant devant le Crous de Lyon (aujourd'hui en ré-éducation), aucun réel plan d'ampleur n'avait été déployé par le gouvernement. Un geste cependant accordé aux étudiant.es boursier.ères, celui du repas du CROUS à 1€, autant de petites miettes jetées à la communauté étudiante qui se sent aujourd'hui méprisées et abandonnée du gouvernement et de son Ministère. Le confinement a largement participé à la paupérisation de la classe étudiante, étudiant.es étranger.ères en première ligne, amenant nombre d'entre eux à avoir recours à des structures d'aide alimentaire.
Alors que la précarité économique des étudiant.e.s s'accentuent, la lumière est aujourd'hui mise sur leur santé mentale, elle aussi en voie de précarisation. Le compte Instagram @anxietudessuperieures crée par une étudiante recueille les témoignages d'étudiant.e.s de toute la France. Ces derniers y témoignent de leur mal-être, de la dégradation de leur santé mentale, de leur décrochage, de leur dépression jusqu'à leurs pensées suicidaires et tentatives de suicide.

Agrandissement : Illustration 3

Leur santé mentale se dégradant c'est les services des assistantes sociales du CROUS qui sont débordées ainsi que les médecins des centres universitaires. Les associations elles aussi sont surchargées comme Nightline, ligne d'écoute psychologique créée par des étudiant.es pour des étudiant.e.s qui note une augmentation de 40% du nombre d'appel reçu durant le premier confinement. Le rapport pointe la défaillance des universités dans la prise en charge de la santé mentale des étudiant.es :
"[...] les services de santé universitaires ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale."
Avec un psychologue pour 30 000 étudiant.es, la France se place bien en dessous des standards internationaux qui recommandent un psychologue pour 1 500 étudiant.es. L'annonce de la création d'un "chèque santé mentale" par la ministre de l'enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ainsi que le doublement du nombre de psychologues ne semblent pas pouvoir pallier aux déficit actuel. À défaut d'ouvrir le chantier d'une réforme de l'université lui offrant plus de moyen financier, le gouvernement s'entête à apposer des pansements sur des fractures ouvertes. Selon l'étude de la FAGE par ISPOS, c'est 73% des jeunes qui déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique et 23% d'entre eux disent avoir eu des pensées suicidaires durant le premier confinement.
Le Sit-In était aussi l'occasion de visibiliser une parole peu relayée et entendue, celle des conditions d'études des étudiant.es handicapé.es, autistes, neuro-atypiques et neuro-divergents dont l'inclusion en études supérieurs reste très peu prise en charge. Les étudiant.es dénoncent le validisme de l'institution ne leur permettant pas des conditions d'études similaires à celle des étudiant.es valides ainsi que le désengagement de l'état vis à vis des personnes handicapé.es dès lors qu'elles ne sont plus des enfants. La situation des étudiant.es autistes, handicapé.es et neuro-atypiques n'est pas citée dans le rapport du 16 décembre 2020.

Agrandissement : Illustration 4
