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Billet de blog 19 novembre 2011

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Le retour de "l'homme providentiel"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Eh oui, par définition, la Providence est la suprême sagesse par laquelle Dieu conduit tout. Voltaire, dans son dictionnaire philosophique disait qu’ « être la providence de quelqu’un », c’était « pourvoir à tous ses besoins, veiller à son bonheur, à ses intérêts ».

Madame la marquise de Sévigné, disait aussi : « qui m’ôterait la vue de la Providence m’ôterait mon unique bien ; et si, je croyais qu’il fût en nous de ranger, de déranger, de faire, de ne pas faire, de vouloir une chose ou une autre, je ne penserais pas à trouver un moment de repos ». Ou encore : « Oh bien ! Providence, faites donc comme vous l’entendrez : vous êtes la maîtresse ; vous disposez de tout comme il vous plaît, et vous êtes tellement au-dessus de nous, qu’il faut encore vous adorer, quoique vous puissiez faire ».

Plus que jamais, la notion d’homme providentiel est aujourd’hui d’actualité. Face à des temps troublés, l’horizon étant plus qu’incertain, il faut un capitaine qui nous guide, nous montre la direction à suivre, et surtout nous évite de nous pencher sur nous, de réfléchir à notre place dans la cité. Nous n’avons pas de temps à consacrer à tout cela, nous avons bien d’autres chats à fouetter. En définitive, il faut laisser faire celui qui sait, qui est fort, inflexible, et ne nous laissera pas tomber.

Cette tendance, car ce n’est qu’une tendance, se dessine de plus en plus, et c’est clairement la carte maîtresse que M. Sarkozy est en train d’abattre en profitant au passage de sa « stature » de chef d’État et de "sauveur du monde", en référence à une récente intervention télévisée qui restera certainement dans les annales. Bien d’autres « grands hommes » ont tenté par le passé d’endosser le costume du sauveur avec plus ou moins de succès, de pêle-mêle, Napoléon III, en passant par Pétain, le général de Gaulle, François Mitterrand (un homme, une rose à la main !) et… Nicolas Sarkozy !

L’outil démocratique dont nous disposons aujourd’hui paraît bien dérisoire face au culte de la personnalité qu’engendre notre régime présidentiel, face au matraquage des médias de l’audio-visuel et de la presse papier, des instituts de sondages et de tous les outils de manipulation de masse de l’opinion.La fabrique du consentement mutuel, que La Boétie, nous narrait déjà au XVIe siècle dans son discours de la servitude volontaire, n’a jamais aussi bien fonctionné qu’aujourd’hui. Car le mode de vie qui est le notre, à la fois stressant et trépidant, dans la vitesse, connecté, nous prive de tout recul, et en définitive, du véritable libre-arbitre capable de nous conférer le discernement. Non pas que nous n’en soyons plus capable, non, - nous n’avons jamais été aussi bien éduqués, et aussi massivement - mais plutôt que nous ne voulons plus ou ne pouvons plus par manque "d’espace disponible dans notre disque dur" faire les efforts nécessaires. Nous sommes en permanence assaillis de données contradictoires, que nous n’avons pas le temps de traiter comme il se devrait. Approfondir, vérifier, analyser, comparer, ce n’est plus possible, pas le temps ! C’est de plus, extrêmement anxiogène et donc au final désagréable, voire carrément insupportable ! En période électorale, c’est pour le moins gênant et à l'heure des braves, plus question de tergiverser, il faut être à la fois "rassuré" et "fasciné" par le costume (voir la vidéo). On se raccrochera malgré tout à deux trois slogans qui nous ont convaincus, et roulez jeunesse ! La démocratie n'a de prix que le véritable intérêt qu'on lui porte...mais où trouver "un moment de repos", comme disait Madame de Sévigné ?

Est-ce de la paresse, un langoureux laisser-aller cotonneux ? Je ne le crois pas. Peut-être est-ce le cas pour certains, mais à mon sens pour l’immense majorité de la population, c’est une contrainte et un rejet. Une contrainte dûe au temps nous dirons, pour ceux qui s’intéressent encore à la polis (de loin), et un rejet de la chose publique, (le pire) pour tous ceux qui on ont marre de se faire prendre pour des pigeons, « foutez-nous la paix avec votre politique à deux balles, ça change quoi ? » Laissons de côté cette dernière catégorie, qui ne fais pas ici l’objet du propos, mais restons sur les autres, ceux qui parce que la chose les intéresse, par civisme vont se forger ou conforter ce qu’on appelle une opinion politique.

Eh bien, ces braves gens, en glanant de ci, de là, des informations parcellaires jamais approfondies ou vérifiées, et en étant persuadés qu’ils ont tous les éléments en mains, n’auront d’autre recours que de s’en remettre à la Providence, selon un séquençage théâtrale savamment organisé, planifié avec force détails. Ah Providence, quand tu nous tiens... Cela marche à tous les coups, et cela risque de fonctionner encore cette fois-ci. On ne change pas une équipe qui gagne ! Vous avez aimé 2007, vous adorerez 2012.

Souvenons-nous en...

PS : Vous n'êtes pas obligés de regarder les 5 longues minutes de la vidéo, le hard rock, ça tape sur les oreilles !

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