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Billet de blog 12 octobre 2014

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Quand les libéraux pratiquent le déficit budgétaire…

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La chronique de Liêm Hoang Ngoc (Maître de conférences à l’Université de Paris 1)

Il y a de quoi être atterré lorsque les éditorialistes et autres économistes officiels font la leçon aux syndicalistes, avec la complicité obscène de présentateurs zélés. L’émission C dans l’air du mercredi 24 septembre fut particulièrement affligeante. Elie Cohen la concluait en affirmant qu’à chaque signe de ralentissement, le réflexe est, depuis trente an, d’augmenter la dépense publique, de creuser les déficits publics et de plomber in fine la compétitivité des entreprises, écrasées d’impôts et de « charges ». Bref, c’est parce que les idées des « keynésiens primaires » de la « vieille gauche taxophile » (sobriquets dont la troïka Aghion-Cohen-Cette nous gratifie) sévissent que les finances publiques et le commerce extérieur sont dans le rouge !

Faut-il le leur rappeler que la France a enterré Keynes le 23 mars 1983. Depuis, la montée de la dette publique est concomitante du déploiement de la politique de « libéralisation » de l’économie qu’ont mené presque sans discontinuer tous les gouvernements. Que cette politique, qu’ils n’ont cessé d’encourager, soit baptisée « désinflation compétitive », « réduction des déficits » ou « politique de l’offre », elle consiste pour l’essentiel à accroître les bénéfices des entreprises, dont une part croissante a désormais pour destination les dividendes des actionnaires. Les dividendes représentaient 20% des bénéfices distribués en 1970, 44% en 2007, 68% désormais !

La microéconomie soutient que la baisse du coût relatif du travail (ici due à l’augmentation du coût du capital d’un côté et, à la baisse du coût du travail de l’autre) aurait du provoquer un vaste mouvement d’embauches. Or si la hausse du coût du capital a bien plombé l’investissement, la baisse du coût du travail n’a en aucun cas stimulé l’emploi… Cette politique a eu pour effet de réduire le potentiel de croissance de la France. Les objectifs de croissance fixés dans chaque loi de finance n’ont jamais été atteints. Les recettes fiscales furent systématiquement inférieures aux recettes prévues, à l’exception de la période 1998-2001, où la cagnotte fiscale fut dilapidée par la gauche plurielle en baisses d’impôts sur les hauts revenus… En 2011, Nicolas Sarkozy fut contraint d’augmenter les impôts que lui-même et ses prédécesseurs avaient baissés au cours des deux décennies précédentes. Il fit cet « effort », comme son successeur,  pour « rentrer dans les clous » des traités européens. François Hollande en dénonce aujourd’hui la rigidité, après avoir fait l’apologie du « sérieux budgétaire ». Le report à 2015 de l’objectif des 3% de déficits publics, obtenu en 2013 auprès de Bruxelles, lui a permis de disposer de deux à trois dizaines de milliards de marges de manœuvre, qui furent intégralement consacrées au pacte de compétitivité avec le succès que l’on sait : le CICE a creusé la dette sans relancer l’investissement.

Le pacte de stabilité est-il désormais caduc ? Un événement s’est produit lundi 22 septembre : après être allé à Berlin demander la permission à la Chancelière, le Premier ministre a annoncé l’abandon de l’objectif des 3% jusqu’en 2017. Le premier secrétaire du PS prétend que cela permettra d’éviter l’austérité. En vérité, il est d’ores et déjà prévu d’affecter les marges de manœuvre dégagées aux 41 milliards du pacte de responsabilité. Le déficit que l’Allemagne vient d’autoriser la France à creuser servira donc à transférer 2 points de PIB en faveur des profits, en contrepartie d’une baisse non négociable de 50 milliards de dépenses publiques… 

Retrouvez aussi son actu sur @SocialistesAffl

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