Facétieux, mon Président.. Lors d’une réunion d’ambassadeurs à Bruxelles en ce début mai, et sous des applaudissements nourris, il décidé qu’il ferait son speech en français, et non en anglais…après avoir quand même expliqué en anglais qu’il le ferait donc en français (on n'est jamais trop prudent).
Et on peut le comprendre mon Président, si l’on se réfère à ce déjeuner de travail mythique avec Mme May fin avril dont la presse s’est faite l'écho: croyant toujours faire la pluie et le beau temps en Europe, Albe toujours aussi capricieuse prétend quand même conserver le beurre alors qu’elle s’apprête à en récupérer l’argent, le tout après s’être mouché dans les rideaux et avoir fait ses besoins sur le palier. Nos amis anglais n’ont toujours pas compris que nous ne sommes plus en 1974, que l’Empire n’existe plus, et que s’il y a effectivement une vie en dehors de l’Union, elle est justement…en dehors de l’Union, et non dedans. Bein oui...
Mais cette histoire de langue française prenant le pas sur l’anglaise est par contre pour le moins comique, au-delà des blagounettes de mon Président - qui a la cool attitude. La capitale de l’Eurocratie bruise de la rumeur revendicatrice lancée par certains français sur la disparition obligatoire de la langue de Shakespeare. Elle est la langue officielle de l’Irlande et de Malte ? Peu importe: chaque Etat ayant du choisir une et une seule langue officielle, et le Royaume Uni ayant naturellement choisi l’anglais, irlandais et maltais se rabattirent sur des idiomes particuliers au demeurant charmant, le gaélique et le maltais. Donc perdu pour l’anglais si la Reine se retire, et nous voilà vengés d'Azincourt, Trafalgar, Waterloo et Fachoda !
Sauf que c’est quand même un poil plus compliqué que cela... Dans une Europe à 6 voire 8, ça pourrait passer. Mais là nous resterons à 27, dont seul 5 et demi (la Belgique) ont pour langue officielle une langue romane, d’origine latine. C’est maigre. Et si nos amis allemands mettent encore un point d’honneur à honorer l’amitié franco-allemande, plus au nord et l’est et au sud-est, c’est l’anglais qui "rule the waves". Et de fait, à la Commission, il n’est nul besoin qu’un sujet de sa Gracieuse Majesté y participe pour qu’une quelconque réunion de travail se fasse en "Commission broken english", spontanément, pour qu'on se comprenne entre nous. Et je ne vous dis pas pour les lobbys et autres consultants qui nous entourent...
Bref, amis de Molière, ne vous en déplaise l’anglais restera notre lingua franca. Parce que langue officielle de l’Irlande et Malte, officiellement - on règlera cela comme ça. Mais aussi et tout simplement parce que nous serions incapables de nous en passer.