L'Union européenne définit désormais comme «maltraitance» «l'absence de disponibilité affective» ou «l'incapacité à favoriser l'adaptation sociale de l'enfant». Des principes qui s'imposent déplore Sandrine Garcia, maîtresse de conférence en sociologie à l'Université Paris-Dauphine, en premier lieu aux mères.
Derrière les belles formules sèches et rigides de la psychoculpabilisation les catégories émergent: mauvaise mère, mère ignorante, mère pathogène... la famille est malade, les mères sont malades, malgré elles. Juger, normer, brider, antalgiser, soigner les corps malades de la société et en premier lieu la famille, qui pouvait échapper encore à l'oeil scrutateur bienveillant.
Etre une mauvaise mère: faire peser sans le savoir d'innombrables périls psychologiques à l'enfant.
Etre une bonne mère: écouter la parole des experts.
"Il est minuit, il n'est pas rentré. Où courir? Ou ne pas courir? On m'a volé mon enfant! Qu'ai-je bien pu faire pour mériter cela? Ne l'ai-je pas toujours aimé, cajolé, caressé? Ne lui ai-je pas montré sa valeur, et combien il était cher à mes yeux? Ne lui ai-je pas montré le chemin, donné des valeurs, montré son intérêt? Qu'ai-je bien pu faire de MAL? Quand il a commencé à me répondre et à m'humilier, aurais-je dû alors "me faire aider"? Quand ensuite il a refusé de m'écouter, et commencé à sortir, aurais-je dû appeler la police? Quand il m'a menacée, aurais-je dû le faire interner? Me mettra-t-on en prison? Le mettra-t-on en prison? Serons-nous rééduqués?"
Qu'en pense Mme Rimbaud?
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"Le Monde Diplomatique" mai 2011. "Au nom du bien-être de l'enfant".