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Billet de blog 10 avril 2011

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Douze hommes en colère

Aujourd'hui, jour où j'apprends la mort de Sydney Lumet, je n'ai pas la chance de revoir "Douze hommes en colère", qui, je m'en souviens, m'avait fortement impressionnée, lorsqu'encore enfant je le découvris à la télévision. C'est depuis ces souvenirs d'enfant, que je repense au film.

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Aujourd'hui, jour où j'apprends la mort de Sydney Lumet, je n'ai pas la chance de revoir "Douze hommes en colère", qui, je m'en souviens, m'avait fortement impressionnée, lorsqu'encore enfant je le découvris à la télévision. C'est depuis ces souvenirs d'enfant, que je repense au film.

Sa dramaturgie théâtrale, repose sur l'illusion d'un temps réel, dans un huis clos et crée ainsi la tension dont l'intrigue est porteuse: comment décider du sort d'un homme, en son intime conviction en deux heures? L'espace filmique est ainsi le lieu d'un affrontement humain et social pour non pas l'expression simple d'une démocratie populaire, mais la lutte d'hommes pour que la démocratie soit l'expression d'une justice. Qu'elle ait un sens et une éthique communs. C'est un véritable champ de bataille, un corps à corps avec le réel, et les représentations que l'on s'en fait, depuis ses préjugés et son histoire personnelle, un corps à corps avec les autres aussi pour que de la cacophonie des individus émerge une voix capable de garantir l'individu au sein de la société. Ainsi, le film montre la violence d'un groupe d'humains pour faire société et dépasser l'intérêt personnel dans la construction d'un idéal de justice pour tous.Ce dont je me souviens, c'est que cette bataille fait peur, car l'engagement entier qu'elle nécessite de la part d'Henri Fonda n'est jamais certain d'aboutir, on sent combien la parole est fragile et l'issue aléatoire, on ne peut aussi se passer de se demander ce qu'il en aurait été, si le personnage incarné par Fonda n'avait pas existé, ou avait renoncé à confronter avec force ses convictions. Alors se pose la question de la responsabilité de chacun dans la construction de la société et l'importance de respecter les paroles individuelles dans l'édification d'un discours collectif. Si chacun renonce à la parole, seule la colère fait loi. Et la société elle-même devient la voix de la colère, renonçant à l'expression de la justice.

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