J'ai pas jeté grand chose ces derniers temps, et j'en suis fière. Voilà une nouvelle qui me met bêtement du baume au coeur, me rend plus supportables les courses hebdomadaires.Quelques restes deci-delà au chien, mais c'est pas gâché, au contraire, recyclage amoureux pour le toutou qui semble comprendre avant même que j'ouvre la porte du frigo, instinct ou décodage de mes gestes moins volontaires que d'habitude, que ça lui sera destiné. Juste un poisson mort dans l'aquarium que j'avais omis de nettoyer depuis un certain temps. Petit corps mou dans la poubelle avec le vague sentiment de culpabilté que je devrais faire autrement, peut-être creuser un trou ou le déposer dans un milieu aqueux. Pas jeté grand chose donc et beaucoup cuisiné. C'est les vacances. Grandes périodes oisives traversées d'activités obligatoires projetées, de monumentales intentions qu'on avait ressassées pour justifier l'inaction, se dire qu'on l'a pas complètement perdu, ce temps. Inutiles échéances que l'on se fixe et gâchent la moitié du plaisir. Quand je serai en vacances je repeindrai la chambre de V., laverai les rideaux, les tissus, les tentures, pour l'hygiène. Il faudra brosser le caillebotis et aussi redresser la clôture et couper la liane jaune qui la fait ployer lamentablement dans le terrain vague, et heureusement qu'on n'est pas en Amérique, parce qu'il nous faudrait une carabine 22 long rifle -petit frisson, mots ineptes- pour nous protéger des intrusions que notre grillage plié à l'horizontale par la végétation et l'avant-dernier cyclone permet, un vrai moulin. Il faut aussi, et là c'est sérieux, j'utilise le présent, histoire de me botter l'arrière-train, classer les papiers qui s'entassent de retards en souffrances. On serait presque content de toute cette activité qui nous attend, pour remplir nos journées qu'on perçoit au début désespérément vides. Puis, on commence à lire, tranquille, sur son canapé, écoute les podcasts de France Culture en cuisinant. Le temps passe, les jours raccourcissent, on se couche de plus en plus tard, se lève de plus en plus tard. On engraisse doucement, sans faire de sport.Le cyclone viendra balayer les menus travaux repoussés. Saine remise en place des priorités. Deux arbres à débiter, le jardin dévasté à débarrasser de ses peaux mortes, dix jours de boulot. C'est pas la première fois, on a l'habitude. Affole pas, comme on dit ici, parce qu'on sait que les choses peuvent se gâter en peu de temps, alors, y'a urgence à profiter, mais ça, c'est moi qui le dis. Je replonge avec délices dans mon livre, un bon vieux Jim Harrison, qui vous permet de vous haïr plus tendrement et surtout, vous éloigne de vos mauvais penchants. Je commence à penser à la fin des vacances.