« Quel intérêt pour la société ? »

Au sujet de la surpopulation carcérale, que dire de plus que tout ce qui a été déjà été dit, à savoir le manque total d’intimité lié à la promiscuité, la violence liée au mélange des détenus malgré leur différence de profils, le bruit non-stop, la TV allumée 24h/24, la radio en plus, l’impossibilité de dormir, les fumoirs imposés aux non-fumeurs malgré même des pathologies respiratoires… Je ne vais pas ici vous faire un inventaire « à la Prévert » des conséquences de la surpopulation carcérale. 

Non, moi je m’interroge plus sur l’utilité ou le but de tout cela. Quel est l’intérêt pour la société de torturer ses citoyens détenus ?

Quel objectif la société s’est-elle fixé avec le tout-carcéral ?

Il me semble que les chiffres de la récidive parlent d’eux-mêmes, alors pourquoi ?

En maltraitant ainsi ses prisonniers, la société relâche des loups, des loups énervés, assoiffés de vengeance et donc potentiellement encore plus dangereux que quand ils sont entrés en prison. C’est donc un cercle vicieux qui va générer encore plus de sanctions et encore plus de détenus. 

La punition n’a plus aucun sens si elle n’est pas comprise et acceptée. Or personne ne peut accepter d’être torturé. Peut-être trouvez-vous que je fais usage un peu trop facilement du mot « torture » ? Venez passer un jour ou deux dans une cellule de sept à dix personnes comme je le subis depuis plus de quatre ans, et on en reparlera.

Alors oui, ce n’est pas de la torture physique, quoique je me suis fait frapper plusieurs fois – ici on dit « glisser »… Mais paradoxalement, ce n’est pas le pire. C’est la torture psychologique, le pire aspect de la surpopulation carcérale. L’air est saturé en permanence de fumée de « cigarette »… Personnellement je suis non-fumeur, […] imaginez étouffer en permanence, jour et nuit… Ajoutez le bruit, l’absence de sommeil, et vous aurez déjà une petite idée de ce que le terme « torture » n’est pas galvaudé. 

La détention devrait être la solution ultime, l’exception, or elle est devenue la règle.

Il ne sert à rien de construire plus de prisons car de toute façon cela ne suffira jamais, il y aura juste encore plus de détenus, et encore plus de peines de prison prononcées. Mieux vaudrait, à mon avis, réfléchir à l’usage de la peine et son utilité, et donc rechercher des alternatives.

L’objectif doit être la réinsertion, pas uniquement la sanction et la punition. Et quelle que soit la sanction, celle-ci doit être adaptée, raisonnable, comprise et acceptée par le détenu – en aucun cas ce qui est fait aujourd’hui.