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Billet de blog 20 août 2025

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Surpopoulation carcérale : le fonctionnement de la détention grippé

Avec la surpopulation, c’est tout le circuit de la détention qui est désorganisé. Les mouvements sont compliqués, tous les quartiers saturés, des pénuries apparaissent, impossible de pousser les murs des douches et des cours de promenade… Autant de facteurs qui aggravent encore les conditions de détention.

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Aucun quartier n’est épargné

[Au quartier femmes,] nous sommes presque 50 pour une capacité de 30. Cela devient insupportable et ingérable. — V. C.

Après mon passage au QI [quartier d’isolement] suite à la médiatisation de mon affaire, j’ai dû être réintégré à la population générale plus rapidement que prévu faute de place, et ce après une évaluation très superficielle de ma situation : le maître-mot était « faire de la place coûte que coûte »… D’ailleurs, j’ai vécu plusieurs situations très tendues en bâtiment par la suite, à cause de ce retour prématuré. « Pas de place pour toi ailleurs », m’a-t-on répondu à l’époque ! – S. C.

Le QD [quartier disciplinaire] est plein, donc les sanctions sont mises à exécution plusieurs mois après le prétoire. Le quartier « arrivants » est plein, et on peut y rester longtemps faute de place. – K. B.

Vu la surpopulation, les cellules du QA [quartier « arrivants »] servent aussi de cellules de détention. C’est des cellules de quatre places avec la douche […]. Le quartier de semi-liberté sert aussi des fois aux petites peines. Ça devient très compliqué, la maison d’arrêt n’est pas adaptée pour autant de personnes. – S. K.

Les douches prises d’assaut

Les douches sont dans le couloir, on a cinq cabines pour 33 détenus par étage. […] Il faut être très patient, des fois c’est compliqué. – S. K.

On a trois douches par semaine. Ce sont des douches collectives avec quatre cabines, mais hier ils nous y ont envoyés à huit. C’est quand ça leur chante. – L. V.

« Quarante à tourner en rond dans 20m2 »

La promenade, vu le nombre [de personnes détenues], c’est très compliqué. […] Au quartier spécifique, c’est 45 minutes le soir à 17h, mais il y a toujours du retard, donc des fois c’est 30 minutes, dans un espace bétonné de 17m x 6m orienté plein Nord. – S. K.

J’ai des problèmes aux poumons et je suis à moitié agoraphobe, alors la promenade c’est vital. Mais la cour doit faire 20m2 maximum, et on est quarante à tourner là-dedans dans le même sens. Et il faut toujours respecter le sens, hein ! Si tu marches à l’envers, tu emmerdes les autres. – G. F. 

Davantage de bouches à nourrir

Tous les repas arrivent froids […]. Entre la sortie de la cuisine et l’arrivée en cellule, ça peut prendre de 10 à 20 minutes, alors que les cuisines sont juste à côté. Les portions réduisent suivant le nombre de personnes, souvent c’est limité, on est restreint et on n’a pas la quantité normale.

Vu la surpopulation, ils sont deux en cuisine, un à la plonge et aux entrées, un qui fait chauffer viande et légumes congelés. Mais comme il y a plus de plats à préparer, déjà que l’hygiène était limite, là c’est encore pire, la cuisine n’est pas souvent nettoyée et les bacs le sont une fois par mois. Y ayant travaillé, je sais de quoi je parle. – S. K.

La surpopulation a également induit un truc inattendu : il y a deux ans, en août, on m’a dit : « Profites-en, parce qu’on réduit les portions alimentaires de 30 %. » Et ça s’est senti. – L. V.

Pénuries de tout

Pour avoir un frigo, ça a mis des mois et des mois, car ils n’en avaient plus. Il y a tellement de monde que la prison est sur pause, personne n’arrive à gérer. Ça crée beaucoup de tensions. – P. A.

Depuis deux semaines, il n’y a plus de Javel, plus de sac poubelle, plus de ci, plus de ça… Il n’y a plus de budget en fait. […] Quand je suis arrivé, le directeur m’a dit qu’on était près de 300, depuis on doit être encore bien plus. J’ai vu des cellules de cinq, des matelas au sol… – L. V.

Le kit entretien, le kit hygiène et le papier toilette devraient être distribués gratuitement, mais ça devient compliqué, ce n’est jamais distribué régulièrement, on est obligé de cantiner même ça. Il faut beaucoup d’argent si on veut être tranquille et avoir le minimum, mais sans entrée d’argent, tout est compliqué. – S. K.

En centre de détention aussi

En CD [centre de détention], ce n’est pas mieux, il y a de plus en plus de cellules doublées. La maison d’arrêt [voisine] ayant dépassé les 200 % de remplissage, le CD se remplit des profils de maison d’arrêt (les petites peines, chiants dans leurs comportements, avec une mentalité très différente des longues peines comme moi, car pas les mêmes objectifs de réinsertion donc pas le même parcours carcéral, les mêmes attentes…). Ceci dégrade les conditions de détention en général, surcharge les Cpip [conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation] qui du coup sont moins présents, efficaces, impliqués. – S. C. 

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Surpopulation carcérale : le fonctionnement de la détention grippé © Alain Guilhot

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