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Billet de blog 27 août 2023

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DIRE

Dire comme indispensable approche de soi-même, comme porte ouverte sur le partage de la différence. Dire, se dire, peut être un acte de courage, face aux injonctions du temps, qui demandent au minimum d'être regardées depuis l'inaltérable valeur personnelle de chacun.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

         Les grandes personnes font des bons mots, les petites personnes font des mots d'enfants, les vieilles personnes cherchent leurs mots ... parfois aussi sont-elles traversées par des mots sans fard (le temps du maquillage est passé).

         Dire, c'est entendre sa propre pensée en train de s'élaborer. Dire, c'est être en face d'un in-connu de soi-même survenant tout vif, tel qu'il nous apparaît dans l'instant. Dire, c'est s'exposer au contre-dire de l'Autre ; c'est souhaiter, au fond, ce contredire-là, qui ne serait ni un médire, ni un maudire, ni un interdire, mais un entre-dire (porte ouverte sur un travail évolutif) ... mais je rêve ...

        Je rêve et je défends mon rêve : ce luxe de pouvoir dire, pourvu que l'on soit (presque) honnête, (à peu près) juste, en accord (même approximatif) avec son mouvement intime. Le risque de dire, de se mouiller, c'est aussi celui de dire puis d'avoir dit, quelques bêtises, qu'il faudra finir par se pardonner humblement. S'approcher du vrai avec des mots bancals est une expérience commune, cela devrait suffire pour être reçu avec un préjugé favorable.

        Mais en ces temps troublés, où chacun est prié de prendre position et pancartes, et vite s'il vous plait, il faut du courage pour continuer de faire détour par son for intérieur, de reconnaître son vrai mouvement et de ne pas le trahir. Dire non, ou j'ai besoin de réfléchir, ou encore je ne sais pas, est reçu avec mépris. Il y a pire : pour celui qui, déshabillé, décortiqué, disséqué dans le corps de son expression présente et passée, coincé par la nouvelle bien-pensance, assigné pour toujours à l'endroit de sa maladresse, de son faux-pas ou de son erreur de jeunesse, quelles forces mobiliser pour se relever ? Sommes-nous tombés d'un conformisme dans l'autre ? Où sont notre diversité, notre liberté, le trésor de notre spontanéité ? Quel est ce tapis-roulant qui prétend convoyer notre parcours, imposer sa signalisation, flouter notre vocabulaire, prendre en charge, enfin, ce qui était et doit rester de notre responsabilité ?

       Dire ! le droit de DIRE ... à défendre, toujours.

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