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Billet de blog 18 février 2021

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Archipel canarien : la lutte de libération nationale, pour la mémoire !

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Un journaliste canarien de Lanzarote comble un vide qui n'a que trop duré, et nous livre un ouvrage nécessaire et indispensable pour la compréhension d'un épisode important de l'histoire de Taknara. C'était une période où toute une jeunesse cannarienne, qui croyait à l'indépendance de son pays, s'était engagée dans une lutte de libération nationale qui, malheureusement, ne s'est pas réalisée. Mais il était nécessaire que nous sachions ce qui s'était passé et ne pas rester sur la propagande espagnole. 

Illustration 1
Aureliano Antonio Montero González

Le journaliste d’investigation, originaire de Lanzarote, Aureliano Antonio Montero González, vient de publier un ouvrage qui traite de la période des années de plomb aux Canaries. Cet ouvrage, selon son auteur, nous révèle un pan important de l’histoire contemporaine de Taknara (Archipel canarien). Intitulé "MPAIAC : Recuerdos de la lucha" ("MPAIAC : Souvenirs de la lutte"). Dans cet ouvrage, le journaliste d’investigation a notamment donné la parole à ces jeunes du milieu des années 1970, animés par l’idéal de la lutte pour la décolonisation de l’Archipel canarien, ont soutenu l’action du MPAIAC (Mouvement pour l'autodétermination et l'indépendance de l'archipel Canarien), créé en 1964 par Antonio Cubillo. Il décréta la lutte armée en 1976 à travers les FAG, Fuerzas Armadas Guanches ("Forces armées guanches"), lutte qu’il abandonne en 1979.
Ces combattants pour la libération nationale ont été qualifié par l’Etat espagnole de "criminels", "mercenaires" voir "terroristes". 

Le journaliste de Lanzarote a ainsi tenu à rétablir la vérité et rendre hommage à ces jeunes des années 1970 en allant à leur rencontre et recueillir leurs témoignages, confirmant ainsi qu'ils n'étaient pas de "vulgaires criminels" ni des « terroristes » comme veut le faire entendre l’Etat espagnol. Ils étaient étudiants universitaires, policiers, avocats, enseignants, dessinateurs, ... qui croyaient déclencher une révolution qui bannirait les derniers bastions du régime de Franco, une révolution qui ouvrirait aux Canaries les portes de la prospérité et se débarrasser du colonialisme.

A travers les témoignages intéressants et inédits de ces jeunes, l’on se rend compte de l’influence qu’avait l’émission radiophonique "La Voz de Canarias Libre" ("La voix des Canaries libres") diffusée chaque soir à Alger où était réfugié Antonio Cubillo. Cette émission a joué un rôle important dans la construction d’une conscience nationale canarienne, et c’est à travers cette émission radiophonique qu’un appel à la lutte armée pour la libération de l’Archipel canarien a été lancé en 1976.

Les témoignages racontent également la répression et font état de l’attitude brutale de La Guardia civil (gendarmerie espagnole), de la torture, des viols. Mais certains témoignages ont également avoué un sentiment d '"abandon" qu'ils ont ressenti de la part de la direction du Mouvement. Mais malgré tout, ces jeunes des années 70 maintiennent, quarante ans plus tard, leurs idées : selon le journaliste, ils "assurent presque à l'unanimité qu'une opportunité historique a été ratée".
Avec son ouvrage, Aureliano Montero a comblé un vide et a restitué à l'histoire des Canaries un chapitre qui restait à écrire, comme celui du MPAIAC. Espérons que cet ouvrage ne fera que susciter d’autres initiatives dans le même sens afin que justice soit rendue à ceux-là qui ont œuvré pour la libération de leur Terre, même si le projet n’a, malheureusement, pas été réalisé.

L’ouvrage de Montero González est le document tant attendu et espéré pour mieux comprendre cet épisode de l’histoire canarienne, un épisode important pour Taknara mais pour l’ensemble de Tamazgha. Il est aussi très important que l’histoire de cet épisode ne soit pas faite par l’Espagne coloniale qui présente ses auteurs, des révolutionnaires jaloux de leur Liberté, comme de "vulgaires criminels". 
Toutes nos félicitations à Aureliano Antonio Montero González pour ce cadeau à la valeur inestimable et pour son action en faveur la mémoire canarienne, de la mémoire amazighe. 
Masin Ferkal

Illustration 2
Couverture-MPAIAC

Aureliano Antonio Montero González, MPAIAC: Recuerdos de la lucha, Letrame, Lanzarote, 2021. 
582 p., 30 €.

- MPAIAC : Movimiento por la Autodeterminación e Independencia del Archipiélago Canario


Entretien accordée par l'auteur à une chaîne de télévision [Vidéo]

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