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Billet de blog 24 août 2018

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Odon Vallet et le cardinal Barbarin

Attention danger : Il y a la loi de la Nation commune à tous, et la crédibilité des enseignements de l'Eglise qui s'adressent aussi à tous, au tout venant, comme au délinquant, criminel, victime, enfant, adulte, parent... Toutes ces personnes qui risquent de ne plus pouvoir croire dans cet enseignement.

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Cher Odon Vallet :

La question de la pédophilie dans l’Eglise catholique occupe en ce moment les médias, un peu… il y a quelques jours, j’eus à nouveau l’occasion de vous entendre préconiser le repos et la tranquillité pour le cardinal Barbarin, victime de cancers.

A votre avis, y a-t-il eu ou non des actes pédophiles commis par des prêtres sur des enfants dans son diocèse pendant son exercice ? En a-t-il eu connaissance ? A-t-il à ce propos alerté les autorités judiciaires pour que la loi soit appliquée ? A-t-il lui-même pris à l’intérieur de l’Eglise et de son diocèse des sanctions à l’encontre de ce qui en droit pénal est reconnu comme un crime ? A-t-il eu un ou des gestes significatifs pour protéger les enfants de ces actes pédophiles repérés et des personnages qui les ont perpétrés ? A-t-il eu un ou des gestes significatifs et bienveillants à l’encontre des victimes ?

Les faits semblent avoir été connus d’un certains nombre de personnes et, comme l’impose la loi commune dans notre pays, la justice semble aussi en avoir maintenant connaissance.

article 434-1 : le code pénal sanctionne «le fait, pour quiconque ayant connaissance d’un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives (…)».

article 434-3 : le code pénal sanctionne « le fait, pour quiconque ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’atteintes sexuelles infligés à un mineur de quinze ans ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives (…) ».

art 226-14 : le code pénal prévoit les cas ou une personne astreinte à un secret professionnel peut le révéler aux autorités sans encourir de sanction pénale (et/ou disciplinaire). Il s’agit par exemple du cas ou une personne a connaissance d’atteintes sexuelles sur un mineur. Il demeure cependant que les personnes soumises à un secret susceptible d’être levé peuvent choisir de le révéler ou non : elles doivent décider en leur âme et conscience. Le cardinal Barbarin, aux termes de la loi commune de son pays, est-il soumis à un secret « professionnel » vis-à-vis de ses subordonnés hiérarchiques ?

Dans la Nation française démocratique, il semble que la loi soit égale pour tous. Les actes pédophiles sont-ils reconnus par la loi pénale commune comme des actes criminels ?

Eclairez-moi, de grâce : la hiérarchie catholique est-elle dispensée de l’application de la loi commune ? Les clercs de la religion catholique sont-ils dispensés du crime de pédophilie ?

Il semble qu’il soit prouvé que le cardinal Barbarin ait bien eu connaissance de ces faits.

Jurisprudence : le 5 septembre 2001, la Cour de Cassation a estimé que le délit de non dénonciation implique que la personne poursuivie ait une connaissance certaine des faits.

Dans cette histoire, la souffrance d’un cardinal, qui se serait soustrait à la loi commune de la Nation dans laquelle il vit, est-elle plus considérable et doit-elle être plus considérée que celles des victimes atteintes dans son diocèse grâce à son absence d’action pour les protéger, ce qui a permis le crime et sa poursuite ?

Que pensez-vous de l’application stricte de la loi quand elle s’adresse à un gamin de banlieue qui vient de « faire » un sac ? Je la trouve juste. Comme je trouve juste que le cardinal Barbarin réponde devant la justice de son pays de ce qu’il n’a pas obéi à cette même loi et, de ce fait, a permis la poursuite de crimes. En termes de droit, lorsque sont couverts et protégés des cambriolages et autres crimes, il est écrit que les auteurs de ces protections doivent être poursuivis pour complicité. Serait-ce différent pour le crime de pédophilie dans l'Eglise (comme dans bien des familles d'ailleurs) ? Il serait triste que la mansuétude toute religieuse de monseigneur Barbarin à l’égard de pédophiles finisse par apparaitre comme de la complaisance, voire en terme juridique comme de la complicité « passive ». 

Moi-même, victime d’actes pédophiles dans ma tendre enfance commis par d’autres adultes que des prêtres, je peux vous assurer que la vie des victimes reste pour toujours un long cancer… Je pense à ces autres victimes d’actes commis dans le diocèse de monseigneur Barbarin, qui vivent comme moi ce long cancer…

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