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Billet de blog 29 mai 2024

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Est-il temps d’en finir avec TotalEnergies ?

Il y a quelques jours, Oil Change International a publié son rapport Big Oil Reality Check, qui évalue les engagements et les plans climat de huit majors pétrolières et gazières. Notre analyse constate que TotalEnergies échoue sur toute la ligne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Myriam Douo and Charity Migwi

La semaine dernière, le géant du pétrogazier TotalEnergies a tenu son Assemblée Générale et marqué son centième anniversaire. Pas de quoi se réjouir. Au-delà du fait que l’entreprise était consciente de l’effet néfaste de ses agissements depuis 1971, TotalEnergies a employé des stratégies de déni et de manipulation de la science dès la fin des années 1980. Cette attitude semble être restée celle de TotalEnergies à ce jour. L’entreprise réfute cette interprétation de son histoire. Pour autant, les activités de l’entreprise continuent de faire des ravages à travers le monde, mais surtout en Afrique

Le pouvoir financier et politique de TotalEnergies et son passif douteux en matière de droits humains et de l’environnement doivent cesser. Il existe plusieurs pistes qui permettraient de mettre TotalEnergies hors d’état de nuire - y compris via une prise de contrôle public - qui devraient motiver nos décideurs. 

Il y a quelques jours, Oil Change International a publié son rapport Big Oil Reality Check, qui évalue les engagements et les plans climat de huit majors pétrolières et gazières - Chevron, ExxonMobil, Shell, TotalEnergies, BP, Eni, Equinor et ConocoPhilips.

Notre analyse constate que TotalEnergies échoue sur toute la ligne. Le plan climat de l’entreprise ne répond pas aux critères correspondant au strict minimum pour être alignée sur l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5°C. 

En 2023, TotalEnergies a engendré un profit record de 21,4 milliard de dollars - tout en émettant plus de gaz à effet de serre que la France. En effet, TotalEnergies est l’une des entreprises les plus polluantes du monde - classée septième société privée la plus émettrice de gaz à effet de serre de l’histoire. Une étude du think tank Carbon Analytics estime que, si TotalEnergies avait à rendre compte des effets inévitables et irréversibles de ses activités polluantes depuis 1985 sur le climat, l’entreprise devrait payer 600 milliards de dollars. Le coût réel est très certainement encore plus élevé. 

Et pourtant, TotalEnergies, considèret que “de nouveaux projets pétroliers sont nécessaires”, prévoyant ainsi d’accroître sa production de pétrole et de gaz d’ici à 2030. Pendant ce temps, pour la première fois dans son histoire, le rapport World Energy Outlook de l’Agence Internationale de l’Energie prédit un pic de consommation de pétrole et de gaz d’ici à 2030 et une diminution ultérieure sous les politiques en vigueur. Le fait que TotalEnergies semble s’accrocher désespérément aux énergies fossiles va à contre-courant de la transition énergétique mondiale. 

TotalEnergies vise le “net zero” d’ici 2050. Cependant, cette stratégie repose largement sur des techniques douteuses de captage du carbone, et sur la compensation des émissions de pétrole et de gaz par des “solutions fondées sur la naturehautement controversées. En 2050, TotalEnergies prévoit de vendre un million de barils de pétrole et de gaz par jour, ayant ainsi un impact significatif sur le climat pour les années à venir. Plutôt que de s’attaquer à la source de ses émissions, TotalEnergies continue de faire le pari du greenwashing, mettant ainsi en danger les communautés et les écosystèmes dans lesquels l’entreprise opère.

A ce jour, TotalEnergies opère dans 130 pays. L’entreprise est le plus gros producteur de pétrole et de gaz en Afrique, où les communautés locales sont en première ligne de la crise climatique. Une vague de chaleur dévastatrice en Afrique de l’Ouest a récemment tué plus de 100 personnes, en faisant une des canicules les plus dévastatrices dans la région du Sahel. L’Afrique de l’Est est, quant à elle, aux prises avec des inondations sévères, ayant causé décès et déplacement de centaines de milliers de personnes, routes barrées et vie économique interrompue. 

Ces évènements tragiques nous rappellent la gravité de l’urgence climatique, exacerbée en partie par les actions des majors pétrogazières comme TotalEnergies. Il est urgent de changer de système pour garantir un futur durable libéré de toute dépendance aux énergies fossiles. Nos gouvernements doivent donner la priorité à une transition rapide et juste, en renforçant la résilience face à l’accumulation des événements climatiques extrêmes comme les canicules et les inondations, particulièrement en Afrique. C’est pourquoi cette semaine, trois ONG, BLOOM, Alliance Santé Planétaire et Nuestro Futuro, ainsi que huit survivants et victimes du changement climatique ont déposé une plainte visant le conseil d’administration et les actionnaires de TotalEnergies pour leur contribution au changement climatique et son impact fatal sur les vies humaines et non humaines. 

Cela fait 100 ans que TotalEnergies nous montre son vrai visage : agissant, selon nous, comme une entreprise  dont la richesse a été bâtie sur un siècle de modèle économique toxique pour les peuples et la planète. Il est de la responsabilité des gouvernements d’agir pour mettre fin à cette situation afin d’éviter que TotalEnergies ne sévisse pour un siècle encore.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.