Je suis un fan de foot. Depuis toujours ou presque. J’avais 12 ans en 98, mais cela faisait déjà plusieurs années que je m’écorchais les genoux sur les terrains le week-end. La passion a fluctué, mais n’a jamais cessé, joueur et supporter, jusqu’à devenir arbitre officiel à la suite d’un pépin physique. Une passion qui a grandi et s’est affermie à une époque où, pour un certain nombre de personnes, le foot était un sport sans intérêt pour beaufs décérébrés.
Je pourrais me réjouir de voir que le foot a acquis, quelque part, ses lettres de noblesse. A la fois objet commercial, objet médiatique, objet politique comme jamais il ne l’avait été, il est devenu omniprésent même en dehors des grands-messes internationales qui reviennent tous les 2 ans. Au contraire : j’en suis effaré. Cela vous coûte un bras pour suivre les matches (alors que je me souviens d’une époque où un simple abonnement à une chaîne de télé suffisait à tout suivre ou presque), un gouvernement qui aurait pourtant bien d’autres chats à fouetter s’en mêle pour des raisons publicitaires, ouvrant une boîte de Pandore qui j’espère sera vite refermée…
Mais aujourd'hui, je voudrais parler des « experts » qui monopolisent ondes, écrans et papiers. La grande majorité des émissions, des articles, des contenus dits « journalistiques » qui sont consacrés à ce sport sont d’un vide et d’une bêtise affligeante, où l’on ne sait si la mauvaise foi est la cause de la pauvreté des analyses de ces soi-disant consultants, où au contraire un refuge nécessaire pour leur incompétence. Ils sont même contraints d’en arriver aux polémiques de tabloïds…
Les sanctions infligées à cinq mondialistes par la FFF sont la marque d’une situation qui empire. Toute cette effervescence médiatique, ce cirque démagogique, qui entoure dorénavant le football affecte dorénavant le comportement des instances sportives. On vient de nommer un sélectionneur ; il réclame le calme et la sérénité pour construire un groupe avec des échéances très rapprochées ; mais le « bon peuple » - où plutôt ceux qui prétendent le représenter – réclame des têtes. Alors, à l’emporte-pièce, sans chercher à analyser les raisons de ce naufrage collectif (fédé, staff techniques et joueurs, tous ont leur part de responsabilité !), on prend des sanctions, contre un panel de joueurs choisis on ne sait comment, quitte à handicaper l’équipe pour les échéances prochaines. On se tire une balle dans le pied, pour que certains puissent répandre leur bile à travers web et journaux. Bref, on marche sur la tête.
Ce sport, le football, était déjà un jouet économique. Il est devenu en France un jouet médiatique. Mieux vaut le lancer contre le mur et risquer de le casser, que prendre le temps de le réparer ; ça fait plus de bruit , ça attire l’attention, ça fait couler de l’encre. Et c’est d’autant plus malvenu que la défaite contre la Norvège, paradoxalement, a permis de mettre en évidence des possibilités tactiques et des joueurs qui ont le potentiel de remettre l’équipe de France sur de bons rails, en termes sportif, avec comme objectif 2012, voire 2014. A l’image de l’Allemagne ou de l’Espagne, qui récoltent aujourd’hui les résultats de plusieurs années de stabilité et de continuité. Mais j’oubliais : le temps du sport n’est pas celui de parution de l’Equipe.