Selon Mediapart, la FFF envisagerait d’instaurer des quotas basés sur l’origine ethnique dans le recrutement des enfants dans le centre de formation. C’est possible. Ce qui est certain, c’est que le raisonnement qui sous-tend cette éventuelle décision a déjà été fait par d’autres : les grands blacks naturellement costauds et les reubeus naturellement dribbleurs sont aujourd’hui favorisés vis-à-vis des petits blancs naturellement intelligents dans un sport qui a beaucoup évolué au fil du temps ( cf l’excellent article du blog "UNe balle dans le pied" : http://latta.blog.lemonde.fr/2011/04/28/le-football-cetait-mieux-avant/). Cette explication est risible, même d’un point de vue strictement footballistique. L’équipe de Norvège a plus d’une fois basé son jeu autour de joueurs puissants et rugueux qui cependant ont dû prendre plus d’un coup de soleil à la plage. Les noirs de l’équipe du Brésil ont, du moins par le passé, fait la preuve de leur intelligence de jeu. Et qui voudrait faire une liste de grands dribbleurs, de Stanley Matthews à Lionel Messi en passant par Garrincha, serait bien en peine de trouver le moindre déterminisme ethnique.
Et pourtant, on observe en effet une augmentation sensible de joueurs « à la peau non-blanche » dans les centres de formation et les équipes françaises. Et c’est pas près de s’arrêter, croyez-moi. Sans qu’un quelconque déterminisme pseudo-racial entre en ligne de compte.
1- L’explication sociologique
N’y a-t-il jamais quelque chose qui vous ait frappé dans les équipes de France mythiques pré-1998 ? En 1958, Marche et Fontaine côtoyaient Wisnieski, Kopa(szewski) et même Mekloufi avant qu’il ne rejoigne le FLN. Dans les années 80, Giresse et Battiston combinaient avec Platini, Fernandez et Trésor. Les immigrés de moins de trois générations étaient certes globalement moins colorés, mais ils étaient plus que présents.
Pourquoi ? Parce que le football a toujours été, en France en tout cas, un sport pratiqué dans les milieux populaires - Kopa est issu d’une famille de mineurs, par exemple. Et cette tradition populaire du football perdure, notamment dans les banlieues des grandes villes urbaines, où les « minorités visibles » (terme détestable…) sont surreprésentées.
De plus, bon nombre de sports ont un marqueur social fort : ce ne sont pas socialement les mêmes personnes qui jouent au golf ou au tennis, par exemple. Si les noirs ne doivent leur réussite qu’à leur puissance physique, pourquoi n’ont-ils pas un succès plus éclatant en natation ou en cyclisme, où la composante physique est quand même primordiale ?
2- L’explication colonialiste
Je ne veux pas ici parler du colonialisme politique et militaire du XIXè siècle et de ses conséquences actuelles. Je veux plutôt évoquer ce colonialisme actuel, en pleine expansion, mené par les clubs français en Afrique. Sous prétexte d’apporter les bonnes méthodes de formation de jeunes footballeurs, de moderniser les structures du football dans des pays considérés comme sous-développés et qui – c’est évident !- ne peuvent pas avoir d’autre horizon que de vouloir faire comme les gentils européens, ces clubs (et y compris celui que je supporte…) sécurisent plutôt un approvisionnement en matière première de joueurs pas cher et assez efficace. Si le talent est là, ils ne peuvent, forcément, que supplanter des jeunes du cru. Or tous ces jeunes, importés en France à 13 ou 14 ans comme des marchandises, peuvent très légitimement prétendre à la nationalité française à 18 ou 19 ans...
Bref, non seulement le contexte social dans lequel s’insère le football joue un rôle déterminant, mais les pratiques actuelles des dirigeants du football français renforcent encore cette dynamique par un pillage en règle. Pour cela, je l’affirme : quotas ou pas, qu’on le veuille ou non, on n’est pas prêt d’en finir avec les Noirs et les Arabes dans le foot. Et alors ? Si effectivement la FFF pense que c'est un problème, qu'elle prenne les mesures qui s'imposent : militer pour une meilleure intégration des immigrés et pour la fin du "footballolonialisme" des clubs français en Afrique.