Le monologue de la modernisation de l'Université accable celle-ci depuis qu'a commencé le désastreux processus de Bologne.
Les unes après les autres, les "réformes", tendant à faire disparaître l'idée même d'Université pour y substituer un "système unique d'enseignement supérieur", européen et plus largement capitaliste, "passent", malgré le désaccord majoritaire des universitaires et des étudiants.
Le dernier exemple de cette propagande monologique est dans la nouvelle vague de lancement de l'idée d'une hausse (souvent multiplication par 3 ou 4) des frais de scolarité...
Désengagement de l'état dans la formation supérieure et l'Université, pour laisser le champ libre aux banques. Il s'agit de financer les formations par l'endettement des étudiants et des familles, ce qui présente pour le monde de la finance l'immense intérêt que les études deviennent "rentables" qu'elles soient réussies ou non, par les intérêts d'emprunts qui seront perçus tout aussi efficacement en cas d'échec ou de réussite.
Particulièrement cyniques, les "économistes" qui défendent cette idée l'argumentent comme une mesure de justice sociale...
On sait que cette ultime réforme capitaliste de l'Université a provoqué de vastes mouvements de révolte au Canada, au Chili et induit un effondrement de la qualité de l'enseignement dans tous les pays où elle est mise en oeuvre (cf. ici:"http://blogs.mediapart.fr/blog/olchantraine/270313/propos-de-la-bombe-de-la-dette-etudiante).
Les autres étapes de la casse de l'Université ont été la semestrialisation, la masterisation, la généralisation de la logique des "compétences" (qui réduit la formation supérieure à l'acquisition d'aptidudes opératoires identifiées par les employeurs selon leurs besoins à court terme), la restriction de l'accès aux études doctorales de plus en plus aux seuls allocataires, le pilotage de la recherche par des institutions autoritaires et utilitaristes (ANR et AERES), la "simplification" de l'offre de formation (en fait sa banalisation générale), la LRU, la présidentialisation de la gestion des Universités, la régionalisation rampante, le financement à deux vitesses etc...
Ce triste train où vont les choses bénéficie dans la presse magazine et l'essentiel du dispositif médiatique d'une propagande univoque et répétitive, faisant feu des plus mauvais arguments (tels le fameux "classement de Shangaï"), il est "piloté" en France par un collège invisible de hauts responsables ministériels, que les ministres socialistes ou UMP se transmettent tels quels à chaque "alternance". Ainsi, on ne change même plus vraiment de cabinet, et la CPU (Conférence des Présidents d'Université), l'Agence de Modernisation, l'AERES sont aussi stables et permanentes dans leurs orientations que l'ancienne bureaucratie tsariste.
L'état se désengage du financement des Universités et encourage celle-ci sur la voie de la dette et des "partenariats privés-publics"... Si bien que les notions de faillites et de cessation de paiement ne vont pas tarder à devenir banales...
Rares sont les voix qui parviennent à se faire entendre contre cette propagande massive.
Il y a par exemple celle du sociologue Pierre Dubois, sur un blog reconnu et très suivi par la communauté universitaire.
Ce blog fait entendre une voix différente, critique et bien informée (tout à fait différente, précisons-le, du point de vue que je défends moi-même ici).
Mais c'est encore trop...
C'est pourquoi :
J'apporte mon soutien à Pierre Dubois et au blog "Histoires d'universités" qui a fait l'objet d'un rappel à l'ordre déplacé de la direction d'Educpros visant à limiter la liberté d'expression du blogueur. Je recommande la consultation et la diffusion du dernier billet de Pierre Dubois intitulé "Attaques ad hominen" : http://blog.educpros.fr/pierredubois/2014/03/01/attaques-ad-hominem/
Et j'appelle tous les médiapartiens soucieux de la liberté d'expression dans le champ universitaire, auquel elle est consubstantielle, de faire de même.