Petite note sur la "Charte":
Une phrase de cette charte a peut-être manqué de relecture:
"Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme."
- Il semblerait que l'enseignant ne soit protégé de la censure religieuse que pour les sujets inscrits "au programme",
ce qui ouvre la porte aux pressions religieuses sur "le programme" lui-même... On se souvient, par exemple des pressions de toute une mouvance pour empêcher qu'on parle de "genre" à l'école, au nom de la défense de la famille et tutti quanti. De même les créationistes rêvent toujours de censurer le darwinisme. Quelle volonté l'état manifeste-t-il dans cette "charte de la laïcité" de protéger l'école des retours des cléricalismes et dogmatismes anti-scientifiques? A l'époque où des sectaires de certaines religions prétendent imposer leurs textes sacrés comme source de l'anthropologie et la biologie le courage politique n'est guère dans le texte rabougri de Peillon.
De plus, cette phrase semble indiquer que son statut ne protége l'enseignant de la censure religieuse que dans le cadre du programme...
Quelle liberté de parole quand un professeur d'histoire aborde un sujet d'actualité?
Quand un enseignant commente un monument à l'occasion d'un voyage de classe?
Quand un professeur de Lettres explique un texte qui n'est pas dans la liste pour le bac, etc.
- et puis l'enseignant semble devoir s'en tenir au "programme" pour tout répertoire... Ca donne envie de passer les concours!
- Il semblerait que la liberté de parole sans censure religieuse soit réservée aux enseignants... alors qu'elle doit aussi être reconnue aux élèves...Dont la liberté de parole a plus besoin encore d'être protégée que celle des enseignants.
- Seuls les élèves semblent prévenus de ne pas censurer la parole des profs! Quid des groupes de pression? Des parents d'élèves...
La "charte" "dévoilée" par Monsieur Peillon manque ce qui pouvait lui donner une force politique: l'engagement de la république pour une école démocratique, laïque, construisant le savoir et la citoyenneté. Cela aurait supposé de rappeler l'engagement de la république, notamment pour le dévelopement et le partage des connaissances.
Au lieu de quoi on s'est cantonné d'indiquer aux élèves quelques vilaines choses à ne pas faire...
Une "charte", çà s'écrit souvent à la va-vite... Celle-ci n'a visiblement pas fait exception. Peut-être qu'une petite relecture au Conseil d'Etat...