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Billet de blog 12 juin 2014

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Tigre en papier, le FN? Combien de dents? Qui le nourrit?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Analyser la situation politique après les municipales et les européennes nous conduit, les uns et les autres, à l'évidence d'une élaboration stratégique renouvelée pour sortir des mécanismes antidémocratiques et antipopulaires qui semblent boucher durablement l'avenir, paralyser la France et l'Europe entre les mains un pouvoir capitaliste international.

Le succès électoral du FN, qui réussit dans cette conjoncture à amorcer la structuration d'un parti d'élus, généreusement financé par les institutions républicaines et européennes, nous oblige à re-penser ce qu'est ce parti, ce mouvement, cette mouvance. Est-ce le surgissement de quelque chose de nouveau? Ou un artifice soigneusement entretenu par les pseudos-partis de gouvernement pour pérenniser leur confiscation de la représentation républicaine?

Une des positions est d'y dénoncer un épouvantail... (par exemple ici:

http://blogs.mediapart.fr/blog/noelle-mas/010414/le-fn-nest-quun-epouvantail#comment-4920987

Les maoïstes d'antan parlaient parfois de "tigres en papier"...

Pourtant, s'il y a bien des apprentis marionettistes, il y a probablement aussi une réalité politique plus ancienne, durable et nuisible qu'il faut identifier et dont il faut évaluer correctement les forces et les ressources.

Le FN est bien un épouvantail, que les deux partis auto-proclamés "de gouvernement"

(en fait les siamois de l'alternance sans changement)

gonflent et brandissent en croyant pouvoir ainsi perpétuer leur propre survie (à défaut de légitimité).

Mais ce n'est pas que cela.

Le FN est l'organisation d'aujourd'hui d'un courant socio-politique français ancien, aux racines idéologiques et sociales solidement ancrées. Ils ont gouverné la France de 40 à 44, appuyés par l'occupant nazi qui a favorisé le coup d'état parlementaire de Vichy qui leur a donné les pleins pouvoirs. Leur police et leur milice ont alors apporté leur contribution à certaines "fournées" (de juifs, d'homosexuels, de malades mentaux, de communistes, de résistants...) dont ils ont toujours la nostlgie.

Le FN est l'agglomérat des couches bourgeoises autoritaires et réactionaires, traditionalistes catholiques avec les factions anti-démocratiques racistes, antisémites, notamment les factions colonialistes (toujours solides dans les milieux lilitaires et religieux)  et des parts non négligeables des salariés radicalisés par le rejet d'un système politique qui portant abusivement les noms de "démocratie" et de "république" discrédite ces mots, encourage un rejet global du "système".

En 1965: Tixier Vignancour faisait 5,2% des voix

En 1969, ils sont inséparables de la droite qui pour "en finir définitivement avec mais 68) donne à Pompidou 58%

En 74 Royer+Renouvin+Le Pen = 4,2 (une partie de l'extrême droite est aux "indépendants) qui votent Giscard...)

En 81, Le Pen et Gauchon sont empêchés par défaut de "signatures"... Garaud et Debré font 3%, le reste de l'extrême droite est noyé dans l'abstention. Le vote communiste est à 15%. (C'est à partir de ce moment-là que Mitterrand décide d'affaiblir le PCF et de faire monter le FN, en même temps qu'il se rallie au système 5° république et veut pérenniser un système présidentiel appuyé sur un PS-godillot).

En 88 Le PEN fait 15% (tandis que Lajoinie est à 6,76%, la stratégie Mitterrandienne a réussi la reconfiguration électorale dont elle attendait la durabilité)

En 95, le Pen est à 15% (Hue + Laguillier à 13%, la gauche commence à avoir compris le piège miterrandien) et Chirac bat Jospin, pâle imitateur de Mitterrand.

En 2002, Le Pen est à 17%. (Mégret 2,34%: l'extrême droite est à plus de 19% dès 2002). Il rafle la deuxième place à Jospin, déconsidéré pour la gauche par sa complicité avec le Président Chirac dans le passage au quinquennat et l'inversion du calendrier. (Les deux candidats trotzkistes font mieux que Hue, la descente aux enfers du PcF est plus profonde que même Mitterrand ne l'aurait voulu...)

En 2007,Le Pen est à 10% (une part notable de l'extrême droite a voté Sarkozy - dont une partie du financement de la campagne est douteuse - et de Villiers a capté l'extrême droite traditionalistes: 4%) ).La gauche fait l'un des pires résultats de son histoire (Pcf, 1,9% !!!)

En 2012 M.Le Pen est à 18% (soit moins que Le Pen + Mégret, et plus que Le Pen + de Villiers), consolidant son score dorénavant moyen. La gauche est "de retour" (selon l'expression de Mélenchon) avec 11,10% des voix. Le candidat PS est élu, grâce aux voix FdG qui rejettent la droite et l'extrême droite. Pourtant le Président PS reprendra la stratégie miterrandienne (saper la gauche citoyenne et révolutionnaire, favoriser l'extrême droite et l'abstention)...

Les municipales et les européennes de 2014 confirment les conséquences de la stratégie 5° république + européisme du gouvernement socialiste.

Notamment par la confirmation du poids politique de l'extrême droite fidèle et égale à elle-même tout au long de la 5° république et qui tire efficacement profit des stratégies et des politiques anti-démocratiques du PS et de la droite...

La faiblesse de la gauche révolutionnaire et citoyenne a toujours pour corrolaire le renforcement, dans les institutions plus que vraiment dans l'électorat, de l'extrême-droite.

La seule façon de sortir de ce mécanisme anti démocratique et liberticide est de construire la gauche révolutionaire et citoyenne, écosocialiste.

Les récents échecs électoraux, liés notamment à l'aveuglement d'une partie des communistes sur le piège persistant du miterrandisme, dont Hollande et la nomenklatura PS sont les héritiers, rendent la tâche fort difficile... Mais pas moins urgente.

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