La hausse des frais de scolarité dans l’enseignement supérieur, et bientôt dans l’Université est à nouveau à la une.
« La Toile de l’Education », lettre d’information « éducation » du Monde (on sait qu’en général Le Monde associe depuis quelques temps systématiquement les mots-clés « éducation » et « économie », ou « éducation » et « entreprise », par un processus discursif insidieux qui confine au publicitaire…)
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« Qui doit payer l’enseignement supérieur ? »
Il s’agit de relayer les propos catégoriques du directeur de « l’école d’économie de Paris » (sic) :
« S'inscrire à la fac doit coûter plus cher, affirme, dans une tribune publiée par Le Monde, Pierre-Cyrille Hautcœur, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, Ecole d'économie de Paris. Le gouvernement actuel encourage le rapprochement entre classes préparatoires et universités. Mais il ne résoudra pas le problème financier tant qu'il ne laissera pas les universités libres de mettre en place les droits d'inscription qui leur permettraient de concurrencer, à armes égales, les écoles. «
On notera que le lien entre « armes égales » et hausse des « droits d’inscription » est asséné sans aucune argumentation.
Les classes préparatoires bénéficient de dotationsd’état multipliant le coût de l’élève ou étudiant inscrit, l’inégalité à ce niveau n’est donc pas une question de « frais d’inscription », mais simplement d’orientation des budgets d’état vers la préparation aux grandes écoles plutôt que vers les universités.
De même, la rémunération des enseignants, beaucoup plus faible à l’Université que dans les classes préparatoires, ne résulte nullement des frais de scolarité...
Sur ce point donc l’économiste officiel conclut d’une chose en argumentant d’une autre.
L’article fait d’autre part la liste des institutions d’enseignement supérieur de statut non universitaire public qui font actuellement exploser leurs frais de scolarité.
Les conséquences des frais de scolarité élevés sont bien connues : endettement des étudiants et des familles, salariat précaire massif des étudiants, baisse de la qualité des enseignements, où le diplôme devient un produit commercial et non le résultat des pratiques de formation, d’enseignement et d’apprentissage, où l’enseignement doit s’adapter à un statut d’activité secondaire à laquelle s’adonnent en sus de leurs heures de travail salarié sous-payé, des précaires, intérimaires et stagiaires.
Les pays qui ont choisi cet engrenage inéluctable en connaissent déjà l’une des conséquences : l’incapacité massive de remboursement des prêts étudiants, remake de la crise des « subprimes »…
Le processus « inéluctable » appelé de leurs vœux par les économistes de garde de l’enseignement supérieur à but lucratif, consiste à transformer le secteur de l’enseignement supérieur en bulle financière, qui gonflera dans un premier temps les profits des établissements bancaires et contraindra ensuite les états à financer à grands frais le renflouement de cette nouvelle bulle gonflée cyniquement contre l’intérêt de l’éducation, la recherche, la culture et les connaissances.
Ce processus n’est pas inéluctable, il faut le refuser !
Sa ruine serait précédée par celle des universités, à laquelle travaillent les instigateurs du Processus de Bologne, de la LRU, des « responsabilités et compétences élargies », en fait de la transformation des universités en secteur producteur de profit capitaliste « comme les autres », selon les règles de la commission européenne et de l’OMC…
Ceux qui martèlent que ce processus est inéluctable sont ceux qui veulent l’imposer.
Il faut les combattre.
Quand ils posent la question :
"Qui doit payer l’enseignement supérieur ?"
Leur réponse est : l’enseignement supérieur doit payer les banques…
La réponse de la démocratie est : l’Université doit servir la connaissance, la recherche, la formation, la culture et la prospérité dans une nation non inféodée aux puissances financières.
Ils vont tuer leur poule aux œufs d’or et tarir leur vache à lait…
Mais c’est de nous qu’il s’agit…