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Billet de blog 14 juin 2013

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Les entrechocs de la langue de bois.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les entrechocs de la langue de bois.

Se prenant pour un nouveau Huttington, puisant son lexique à Harvard, où s’écrit la bible du management ultra-libéral, Hollande déclara le 28 mars 2013 qu’il allait restaurer la République par un « choc de transparence ».

Le peuple en fut béat, beaucoup se demandèrent ce que cela pouvait bien vouloir dire.

Le gouvernement, les hautes administrations, le Parlement allaient-ils devenir d’immenses peep-shows ?

Pour quoi faire ? N’avions nous pas déjà la Bouygues-télévision et la téléréalité pour nous raconter n’importe quoi sous vitre teintée ?

Notre perplexité grandit bientôt quand fut annoncé le « choc de compétitivité », mais là nous comprîmes sans peine (mais pas sans souffrance)  qu’il ne fallait pas trop s’occuper des mots, et que les actes sauraient donner son sens à cette bizarrerie lexicale. Choc de compétitivité signifiait : « On prend les recettes du Medef et on en fait celles de l’état : les salariés vont en prendre plein la gueule ».

L’expression, concoctée dans les laboratoires communicologues de conseil à la Hollandie, se voulait mobilisatrice.

Elle devint clivante.

Nous commencions à sentir que notre moral était comme celui de ces patients à qui les psychiatres impuissants à leur faire du bien se contentent de leur infliger des (électro) chocs.

Maintenant ça n’arrête plus, car c’est une caractéristique dans notre Europe de communication que les seconds couteaux reprennent les tics verbaux des chefs.

C’est ainsi que chaque jour nous frappe d’un nouveau choc.

Par exemple

“L'économie française a besoin d'un "choc d'offre”

(Hans Olaf Henkel

Ancien président de la Fédération des industries allemandes).

Et, maladroit dans son mimétisme, Julien Dray (sur son blog, le 11 juin 2013): “Le véritable choc de désindustrialisation que nous connaissons a un impact à la fois sur l’avenir de notre tissu industriel, sur la vie des salariés de ces entreprises, sur celle de l’ensemble des régions concernées et sur le moral de notre pays.” Dans sa hâte à parler "à la manière du calife", le grand vizir ne s'est pas rendu compte que son "choc" à lui est un choc contraire...
Du coup, choc contre choc: la "simplification" contre la "désindustrialisation", chacun voit bien que c'est une épée en carton contre un char d'assaut... Comme quoi, il vaut mieux chercher ses propres mots, ou, plus difficile encore, réfléchir plus vite que son clavier...”

A moins qu’il ne s’agisse d’un lapsus : en nous informant que ce choc-là est véritable, Julien Dray nous avoue, à son insu peut-être, que les autres ne sont que gesticulation mensongère.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.