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Billet de blog 16 juin 2014

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Acronyme, CFDT: le nom de ceux qui accélèrent la chute de Valls-Hollande

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au moment où une dirigeante de la CFDT vient menacer de "casus belli" le gouvernement pour le cas où il entendrait le mouvement des intermittents,il faut aussi se demander, après  ce que "veut dire CGT"

(cf. précédent billet)

ce que veut dire dorénavant, hélas, "CFDT" (et ce n'a pas toujours été le cas!)

Le propos de cette dame de la CFDT était particulièrement instructif. Elle opposait clairement d'un côté les signataires (patronat et syndicats minoritaires) du protocole d'accord par lequel le Medef veut mettre au pas la production culturelle, et de l'autre "une poignée d'intermittents".

Elle précise que si le gouvernement n'avalise pas le protocole abusif signé par le patronat et ses syndicats domestiques, ce sera "un casus belli".

C'est la lutte des classes à l'état pur. La piétaille de la collaboration de classe montre des dents et des griffes plus agressives que celles du patronat lui-même.

Cette dame ne semble pas savoir que la "poignée d'intermittents" est soutenue de manière quasi unanime par l'ensemble des professionnels du spectacle, vivant et médiatisé. Et que le public lui aussi est très majoritairement solidaire.

Dans la situation présente on voit clairement:

- que le protocle d'accord tend à généraliser au monde de la création culturelle les critères de production et donc de rémunération qui prévalent pour tous les biens et services marchands. C'est, par le biais de la gestion des conditions d'emploi, tarir toute "exception culturelle", toute spécificité économique de la production culturelle

- que le protocole d'accord vise à assigner des milliers de précaires à une condition d'exclus et à tarir l'une des voies d'émancipation par la formation et la création qui s'ouvre à un certain nombre de jeunes dans notre pays

- que le patronat ("l'entreprise" en termes néo-libéraux) veut que l'ordre capitaliste règne dans le monde de la culture. (Comme parallèlement les néo-libéraux veulent faire passer à la même moulinette l'université et la recherche. Les mauvais coups des néo-libéraux finissent par créer les conditions d'un front commun explosif...).

Le front culturel est donc aujourd'hui le lieu d'un conflit violent, exemplaire. C'est un front secondaire, mais essentiel de la lutte des classes.

Il n'est pas anecdotique que l'intermittence concernée ici soit massivement une condition sociale d'ouvriers et de techniciens. La classe ouvrière existe toujours. Les socio-libéraux et le capitalisme brutal l'ont toujours en ligne de mire.Ils croient avoir trouvé une "niche" facile à "résorber"... Apprentis sorciers ...

Le public est très largement solidaire de intermittents, notamment ceux du spectacle, mais pas seulement. Il faut le faire savoir, haut et fort.

Le gouvernement, le patronat et les syndicats domestiques  ne doivent pas sous-estimer que le milieu social de la production de spectacle est un milieu très proche des milieux populaires, du travail social, de l'animation sportive, de l'université, des étudiants... Que les couches moyennes "diplômées" savent tout ce qu'elles doivent à la création culturelle, tout ce qu'elles en attendent. Qu'il y a toujours dans ces activités des foyers d'utopie, d'invention, d'imagination sociale auxquels beaucoup croient, même si la nomenclatura les ignore.

Qui a déjà participé à un concert des Têtes Raides ou de Manu Chao,  un spectacle de nouveau cirque, une création de chorégraphie contemporaine par de jeunes danseurs, sait qu'il ne s'agit pas là de la marginalité d'une poignée...

On dirait que le pouvoir cherche à provoquer un nouveau 1968 en Avignon et dans les autres festivals... Il croit qu'il pourra, à la manière de De Gaulle, remettre ensuite de l'ordre, porté par la vague de la "majorité silencieuse".

Bêtise, brutalité, autoritarisme, anachronisme... Ce pouvoir est franchement dangereux tant il est déboussolé.

La CFDT se met à son service. On pense à Iago le conspirateur qui inciterait Othello-l'Etat à se venger de l'infidélité de Desdémone-la beauté par l'assassinat. Mais Desdémone était fidèle. Alors que les créateurs ont de moins en moins de dettes envers ce pouvoir de marchands.Le pouvoir a pas mal de plumes à perdre, la CFDT ne peut plus y perdre de crédibilité...

(Sur la question des intermittents, voir aussi le billet de Claude Patriat:

http://blogs.mediapart.fr/blog/cpatriat/160614/cqfdt?onglet=commentaires

Il développe l'acronyme C (Q) FDT... réagissant aux propos casseurs de mouvement d'une dirigeante de la CFDT.)

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