Au moment où les universitaires assistent avec consternation à la poursuite par Madame Fioraso de la politique de Sarko-Pécresse, une politique qui réduit le rôle de l'Université à celui d'une organisation marchande comme les autres, priée de fonctionner selon des critères de rentabilité et de concurrence, invitée à se plier encore plus aux règles du "Nouveau Management Public", dont pourtant la faillite commence à être reconnue dans d'autres secteurs, tel l'hôpital, par exemple, beaucoup d'universitaires se posent la question suivante: "Que faire?".
Ceci d'autant plus que l'agenda des médias passe constamment sous silence la crise à l'Université, créant l'impression qu'elle serait d'une moindre importance que celle de la réorganisation de l'école ou de la désindustrialisation "compétitive".
Pourtant tous ces dossiers sont autant d'aspects d'une même conception de la politique, l'économie et la société
Celui de l'Université a une grande importance. En effet nous assistons à l'échelle mondiale à une offensive sans précédent, mais qui dure depuis environ 40 ans pour faire de l'université une entreprise de services participant à la création de richesses pour la finance et non pour la société.
A la question "que faire" il me semble que déjà il faut porter systématiquement la contradiction aux instances managériales qui prétendent monopoliser le discours légitime sur l'Université.
Et ceci pas seulement à l'Université.
Ainsi, on peut rencontrer beaucoup de gens extra muros qui ne savent pas combien les universitaires sont en butte à l'instauration d'une contre-réforme depuis le début du "processus de Bologne".
Le grand public commence à savoir que le Nouveau Management Public, à la sauce libérale-européenne, a été une catastrophe pour les hôpitaux et la santé publique en générale, ou aussi a détourné Pôle Emploi de ses missions en en inversant totalement la signification...
Mais concernant l'Université, un discours moyen lénifiant (du Nouvel Observateur au Monde, en passant par le Figaro) diffuse un ragoût douteux: un peu d'Erasmus par-ci, un peu de concurrence par là, une grosse louche "d'excellence", quelques tartines de partenariat public-privé, des pincées de classement de Shangaï et de bonnes rasades de "il faut gouverner l'Université comme une entreprise" ou "enfin on va évaluer l'Université et ses performances".
Cela ne se sait pas assez que cette daube n'est pas la notre!
Il faut faire savoir que tout cela n'est pas consensuel, que non seulement ça nous pourrit la vie mais que c'est aussi mettre l'Université hors de capacité de remplir ses missions