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Billet de blog 20 juin 2014

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Le Bucheron Travesti , édition mise à jour (Parchemin a retrouvé le troisième tableau...)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La question fut soulevée sur un fil nombreux par ses contributeurs si d'un bûcheron travesti la légitimité pouvait être débattue.

Je fais donc part de cette trouvaille de ma bibliothèque:

"Le Bûcheron travesti",

Impromptu,

en 9 tableaux gaillards et un épilogue.

- Anonyme, 13°siècle -

(pourtant en français moderne, on suspecte une manipulation...)

Personnages:

- Le Bucheron, Edwy, puis Edvige, puis Edwy

- L'Aquarelliste, Gérald, puis Géraldine, puis Gérald

- Un Barbon, propriétaire

- Une Commère, sentimentale

- un rabbin

- un chevalier

- une paysanne

- Le Narrateur, anonyme...

(Texte retrouvé dans une cave à Bedarides,  Comtat Venaissin par un inconnu).

Attention: La représentation  de matinée est annulée par solidarité avec les Intermittents du Spectacle.

Premier Tableau:

Edwy, le bûcheron (il jette sa cognée, comme ne voulant plus plus même la voir):

"Loin de ma vue, hache maudite

Qui par les chocs trop répétés

Me cause moultes tendinites

Me fait des mains comme ébréchées!

Nouvel Achille en la cuisine

Dorénavant je me confine

A moi la jupe et les marmites

Le suc qui fond en lèche frites

L'intimité sans interdits

De mes amies les étourdies.

Deuxième tableau

Le Bûcheron (en fausse Edvige) , l’Aquarelliste (en faux Gérald, mais vêtu comme à la ville, Edwy le prend pour fille) (1)

Gérald :

Holà l’ami ! Ote la hache

Car ce décor elle me gâche

Ce point déjà de belle touille

Je fis herbue et non pas rouille

La fausse Edvige :

Malheur à moi c’est quand j’échange

Ma condition pour celle d’ange

Qu’un tel minois surgit d’enfer

Et me voilà raide comme fer

Gérald :

Mais que voilà fière donzelle !

Et que fais-tu sans une ombrelle ?

Veux-tu rouler sous la verdure ?

Vite comme çà sans que ça dure …

La fausse Edvige

Prenez plutôt cette jupette

Et rejoignons tôt la dinette

Là bas tout contre le fourneau

Le temps de ça sera bientôt


Troisième tableau

Pour s'introduire en la cuisine, Edwy harangue les cuisinières

Edwy (en tenue d’Edvige) forçant la porte de l’office :

« Sœurs jouvencelles reines des pots

Fées des boutons et des melons

Nous voici deux beaux petits lots

Voulant vous joindre en vos salons

Je suis Edwige voyez mes gros

Forts pectoraux et mes bras longs

Pour serpenter avec culot

De l’occiput jusqu’au talon

Et Géraldine pour vous servir

A toutes fins vive et rusée

Toujours sucrée pour vous ravir

Ou dessalée si vous osez

Les six cuisinières :

Que toutes deux vous nous plaisez

Entrez ici tout est ouvert

Mais nous voyons qu’à découvert

Ton ustensile est jà dressé

Toi bel Edwy tu es un barde

Et ta voix grave en nos girons

Réveille flux, nous salivons

Sans plus tarder ôte tes hardes

Tu peux baiser ta Géraldine

Qui porte  droit fières tétines

Mais si tu veux être mitron

Nous t’attendons plus fanfaron

Et faites vite parce que tôt

Surgira-ci notre barbon

Ou plutôt non, disons  bourdon

Qui de l’hymen est un dévot

Il tousse et crâche mais veut marier

L’une de nous pour lui ôter

Ce qu’elle a jà vingt fois donné

Mais nous le fai… sons lanterner

Nous somm' zouvertes et zaccueillantes

Jamais nous ne refusons rien

De qui  nous veut faire du bien

Sauf du patron qu’est une fiente

Il tousse et crâche mais veut marier

L’une de nous pour lui ôter

Ce qu’elle a jà vingt fois donné

Mais nous le fai… sons lanterner

(le tableaux 4 à 9 ne sont pas lisibles, tant ils prêtent à confusion)

Epilogue

Epilogue

Le rabbin:

Du subterfuge je me plains

Dont je me trouve ici victime

Car si les moeurs qu’ici l’on feint

Pour épargner en douce la dîme

Evitent au bûcheron peint

L’idylle, le oui que chacun mime

Pour arriver plus vite aux fins

Légales sous la condition

D’unir au vît le chaste con

C’est dieu qui reste le dindon

Farce jouée contre son non

Toujours redit jamais ouÏ

Le Narrateur :

Amis rentrez dans vos maisons

Où nul n’ira vous chercher noise

Si Edwy signe un peu le jeu

De Géraldine enguirlandée

Remède y a part à chacun

Chacune aussi, foin des embruns !

(1)

Note (les notes sont de Parchemin Lestival, érudit comtassin):

Le manuscrit porte : "Le prend Edwy pour une fille", le copiste a modernisé l'ordre...

Pour le genre, on suppose que l'auteur était de l'avis ; "l'important c'est pas l'objet, c'est la façon d'le présenter".

On a donc respecté la référence à l'apparence d'homme voulue par Géraldine l'aquarelliste. Ne sommes nous pas en société d'abord ce que nous nous efforçons d'être?

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