Profitant de l'apathie parlementaire et de l'atonie universitaire devant la loi Fioraso, qui scelle la poursuite de la politique universitaire de Pécresse-Sarkozy, un amendement sénatorial veut supprimer la procédure de qualification nationale par le CNU des docteurs candidats au recrutement comme maîtres de conférence et des Habilité candidat s au professorat.
Ce coup supplémentaire porté à l'Université tend à mettre le recrutement des enseignants-chercheurs et l'évaluation de la recherche encore plus sous la coupe de la politique universitaire néo-libérale: rentabilité à court terme, pilotage de la recherche par les donneurs d'ordre, management technocratique, utilitariste par indicateurs arbitraires.
Les premières réactions(par les présidents de section du CNU et certaines associations savantes et professionnelles) à ce mauvais coup provoquent une trainée de poudre justifiée.
Il ne faudrait pourtant pas que l'arbre de cette décision scandaleuse cache la forêt de la poursuite de la politique régressive de la loi LRU, par la ministre Fioraso, qui puise ses orientations dans les conseils du collectif invisible des conseillers qui orientent la politique universitaire et de recherche depuis la Conférence de Bologne de Messieurs Allègre et consorts, fossoyeurs de l'Université publique au profit de l'édification du "système unique européen d'enseignement supérieur", qui livre l'université et la recherche aux logiques de rentabilité capitalistes et de management utilitariste de court terme.Selon les méthodes devenues habituelles de camouflage de ce pilotage autoritaire et antidémocratique, une parodie de "démocratie participative", foire spectaculaire offerte au divertissement des badauds, sous la réclame "Assises de la Recherche et l'Enseignement Supérieur", a préalablement enfumé les espaces de discussion. La récente décision de mettre le CNESER (Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche) sous la tutelle du Conseil d'Etat a déjà éclairci les esprits sur ce qu'il faut espérer de cette "démocratie participative", technique éhontée de propagande, camouflage des pratiques politiques oligarchiques élaborées dans le secret et l'intimité de cabinets où les intérêts du privé priment sur ceux du public.
1 La critique de la loi Fioraso ne doit pas se limiter à ce seul amendement!
Il serait pour le moins malheureux de sembler accepter toute la loi par le geste de critiquer l'amendement qualif!`
2 - Au contraire des formulations de certaines pétitions hâtivement rédigées, "La gestion et l'organisation nationale de l'activité scientifique" ne sont pas "abandonnées", mais bien livrées à l'arbitraire unique des instances "ANR", "AERES" et "Communauté européenne", qui convergent, avec les donneurs d'ordre financeurs, dans un pilotage et une orientation de la recherche, ses financements et ses recrutements par une politique scientifique utilitariste et de rentabilité à court terme.
3 - Le CNU ne garantit pas "la qualité des thèses", mais une égalité d'évaluation des docteur(e)s dans le processus de recrutement de fonctionnaire public.
4- La suppression de la qualification CNU n'est pas "en contradiction" avec les procédures d'évaluation d'inspiration néo-managériale. Au contraire elle tend à éliminer un contre-pouvoir à ces procédures.
5 - Le localisme n'est pas le seul problème. Il y a surtout le problème des recrutements utilitaristes liées aux préoccupations à court terme de satisfaction des orientations de recherche de l'ANR ou des autres donneurs d'ordre et financeurs, notamment régionaux.
6 - La loi Fioraso ne "manque pas d'ambition" mais représente en fait la poursuite de la politique universitaire menée depuis la conférence de Bologne par un collectif invisible de conseillers de la rue Dutot, de la CPU et des sphères dirigeantes des partis politiques alternants, politique mise en place depuis avec constance de manière à déposséder l'Université et les organismes de recherche de leur autorité et leur responsabilité sur le développement de la recherche, la formation supérieure et le développement de la culture et des débats sur la politique scientifique, au profit d'une recherche vassalisé par les intérêts économiques dominants et les présupposés idéologiques néo-libéraux.
La lutte contre cet amendement scélérat ne doit pas contribuer à la légitimation du reste de la loi, avec laquelle il est en cohérence, dans une logique d'aggravation/
Il faut au contraire que ce soit le coup de clairon qui réveille l'opinion publique et le monde de l'Université et de la Recherche dans la lutte contre la Loi Fioraso !