Doctement, Badinter nous dit:
“Il y a les principes et il y a les règles, “Principles and rules” disent les anglo-saxons…”
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Accessoirement, la traduction redondante en “anglo-saxon” (si les « Saxons » savaient ce qu’on continue à leur mettre sur le dos!) ne signifie rien de plus que le souci de se parer des prestiges de la langue dominante du monde atlantiste ou … peut-être aussi qu’on veut s’affranchir d’une tradition de droit romain pour aller vers plus de “pragmatisme… à l’américaine …
Mais surtout, puisque chacun sait que ce sont les règles qui s’appliqueront, cela veut dire que ces principes constituent ce avec quoi les règles vont “s’arranger”, ce qu’elles vont contourner…
Benoîtement, la ministre du travail est à ses côtés et nous fournit un excellent exemple: la limite légale du temps de travail c’est le principe, et pour ce qui est de la règle … les partenaires sociaux préciseront quand il y a lieu de “déclencher le seuil des heures supplémentaires” et comment en réduire la surcote à 10%, alors qu’aujourd’hui une lourdingue survivance les fixe à 25%.
Traduction: les 35H c’est fini, les revenus des salariés vont encore baisser, les syndicats « libres » vont pouvoir être instrumentés pour multiplier les référendums bidons, le CDI sera assortis d’un devis de licenciement etc…
Mais tout cela n’est pas grave, ce ne sont que les règles… Les principes eux sont saufs.
C’est comme pour l’égalité entre citoyens français, elle restera le principe dans le préambule de la constitution, l’inégalité ne sera qu’une affaire de « règle », dans la partie applicable du texte concernant quelques bâtards de nationalité…
En français courant, on pourra dire : Bon, en principe, toute peine mérite salaire… mais là on va faire une exception pour confirmer la règle.
Vivement qu’on mette tous ces auteurs de tours de passe-passe verbaux à l’académie française, avec les braves philosophes de plateaux-télé, et que le pouvoir revienne à des démocrates moins sophistes …