Avec une loupe déformante, Stéphane Alliès joue à comparer les situations française et grecque, espérant décourager la gauche française de suivre l'exemple grec.
Probablement son papier a-t-il été écrit très vite… Sinon comment comprendre qu’y fourmillent imprécisions, paralogismes, contradictions et interprétations farfelues.
On ne peut tout inventorier…
Mais voici quelques éléments :
1 – La « Gauche de gauche » a-t-elle ou non dépassé l’opposition artificielle des gauches et droites institutionnelles et médiatiques ?
- Le principal sujet de S.Aliès est de montrer l’impossibilité d’un « décalque » Grèce/France, pour des « raisons », qui seraient des « obstacles pour la gauche de gauche française….
- L’un de ces obstacles serait que « la gauche de gauche ne s’est jamais sérieusement posé la question d’un tel bouleversement stratégique, par-delà la droite et la gauche »,
- alors que, selon lui-même et dans le même article, "C’est d’ailleurs cette thèse qu’a choisi d’épouser Jean-Luc Mélenchon dans son dernier livre, L’Ère du peuple (Fayard), soucieux alors de se sortir de l’ornière d’une “autre gauche” paralysée
Donc question : Comment soutenir que la gauche de gauche ne s’est pas posée cette question et en même temps souligner que c’est la thèse de Mélenchon dans l’ère du Peuple ?
2 – La gauche gouverne-t-elle avec la Droite en France ?
- Selon S. Alliès, la France souffrirait de « -de ce sacré clivage gauche-droite » et jamais la « gauche » n’y aurait gouverné avec la Droite (au contraire de la Grèce où le PASOK aurait ouvertement assumé ses pratiques de droite)
- Pourtant ce sont la « gauche » solférinienne et la droite réunies qui ont inversé le calendrier, modifié la Constitution,signé le traité Sarkozy-Merkel, préparent le traité TAFTA, refusé l’amnistie pour faits de grève, bloqué le SMIC, préparé la loi Macron, redessiné les régions françaises, fait la guerre en Lybie, continué au Mali et en Centre-Afrique. Il y a longtemps que la cohabitation gouvernementale a fait place à une co-gestion économique, sociale, diplomatique, guerrière , environnementale, budgétaire et institutionnelle par les deux partis de l'alternance sans changement.
- Le PS français ne se distingue pas du PASOK sur la question de son indépendance par rapport aux institutions capitalistes et européennes, il en est au contraire la copie conforme… Sauf que lorsque le PASOK a failli avoir un sursaut démocratique et proposer un référendum sur la politique d’austérité, les « socialistes » français ont contribué à le faire rentrer dans l’orthodoxie improprement nommée libérale (en fait capitaliste autoritaire…)
3 – La social-démocratie grecque serait la seule à s’être suicidée…
- Pourtant Manuel Valls n’appelle-t-il pas constamment au changement de « culture politique » du PS ? Et ne se gargarise-t-il pas de le proclamer "mortel"?
- Le Président français n’applique-t-il pas ouvertement dans tous les domaines clés la politique de son prédécesseur ? comptant seulement pour sa réélection sur l’épouvantail du FN…
- Le PS n’est-il pas en proie à déroutes électorales sur déroutes électorales et à l’hémorragie de militants ?
Toutes ces inexactitudes, tous ces paralogismes veulent illustrer que « En choisissant de faire alliance pour gouverner avec les “Grecs indépendants” (Anel), scission souverainiste du parti conservateur Nouvelle Démocratie, Tsipras a quelque peu refroidi les ardeurs et admirations “hexagonales” .
Pas très étonnant qu’il à Stephane Aliès faille dire n’importe quoi pour illustrer ce n’importe quoi… Vous avez rencontré quelqu’un dans votre immeuble, au marché, au boulot, dont cette alliance, bien plus éthique qu’une compromission avec les corrompus du PASOK ou de Nouvelle Démocratie, a « refroidi l’ardeur » ? Moi pas…
Nous ne savons pas si les fruits anti-austéritaires seront récoltés après l’éclosion du premier gouvernement européen de lutte contre la dictature capitaliste et financière sur l’Europe et le Monde.
Mais nous sommes beaucoup à l’espérer et donc à soutenir ardemment ce gouvernement.
Ce que montre Siriza en Grèce, qui est valable en France et dans toute l'Europe, c'est que la gauche doit s'organiser en autonomie et contre les partis qu'on appelle encore sociaux-démocrates par survivance langagière. Ces partis de droite étiquetés mensongèrement à gauche par les médias capitalistes et leurs politologues de garde, se reconnaissent à leur servilité par rapport aux institutions financières transnationales et à la commission européenne.