Chers Israéliens,
Les eaux du Nil sont de nouveau en sang. Les ténèbres règnent sur votre pays depuis voici trois semaines. Vous êtes livrés à votre peur et vous suscitez l'effroi du monde entier.
Votre peuple a souffert tout au long de son histoire, et l’histoire de cette souffrance en vient presque à faire partie de votre patrimoine génétique. La géhenne de votre passé et ses innombrables martyres composent le tissu de votre mythe national. Vous pensez, sans doute, pouvoir enfin vous libérer en écrasant et en affamant Gaza, mais la Palestine n'est ni Byzance, ni l’Union soviétique, ni la Ligue arabe de 1948. Le fossé abyssal qui sépare le martyre du héros n'est, en réalité, qu'une question de choix. C'est un choix difficile, mais c'est le choix de l'avenir. Il est le passage de la mer Rouge qui mène un peuple à la liberté.
Aujourd'hui, vous vivez dans la peur. Vous cherchez à vous protéger derrière le Dôme de fer, mais ni le fer, ni le plomb durci ne peuvent vaincre l'angoisse qui vit en vous. Votre peur croît à mesure que les investissements dans la Défense progressent et que vos bombes écrasent les écoles et les vies des Palestiniens. Aussi, vous bâtissez vous-mêmes l'enceinte de votre nouveau ghetto. Vous croyez que le mur de séparation vous abrite, mais il ne fait que vous enfermer. C'est votre liberté qui est bardée de fer et de plomb.
La peur est un animal rapide, féroce et insatiable. Mais celui qui ne connaît pas la peur, ne pourra jamais faire preuve de courage. Si vous n'entendez pas les cris des mères palestiniennes anéanties par la mort de leurs premiers-nés, écoutez les hurlements de votre grande peur, regardez la bête dans les yeux et montrez-lui enfin le vrai courage. Celui d'un être humain.