25 000 pas compte le smartphone d’une amie de Minsk. Qui de nous a déjà marché autant dans les rue de sa ville ?
Cinquième dimanche depuis la nuit sanglante du 9 août, cinquième dimanche que je passe à lire en continu des messages qui tombent sur mon téléphone portable, à consulter les itinéraires des manifestants et le plan de Minsk. Une particularité aujourd’hui : Google map n’a jamais montré tant de rues bloquées que ce dimanche. Le plan de la ville était couvert petits sens interdits.

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Et Minsk n’était pas la seule ville dans ce cas : Grodno, Brest, Jodino…
La vidéo sur laquelle un agent de police gifle une dame, qui tombe. C’était à Jodino. Les gens ont failli le lyncher, il s’est réfugié dans son fourgon. Mais son visage a été découvert.
Ce mouvement d’arracher les masques qui couvrent les visages des policiers a commencé depuis quelque jours un peu partout dans le pays. La première fois par accident dans une petite bousculade, une dame a arraché le premier. Le policier s’est retiré rapidement, l’air désemparé. Démasquer les « punisseurs » s’est révélé un bon moyen de défense.
Pour accompagner ce mouvement, Telegram a créé un « bot » pour récolter un maximum d’informations sur tous les gardiens du régime. La photo ou la vidéo du baraqué en face est envoyée au « bot » qui répertorie ces gens. Parfois sans l’aide des réseaux sociaux, les gens reconnaissent l’un de leurs voisins et lui mènent une guérilla de voisinage : abîmer la voiture, détériorer la porte d’entrée ou plus simplement boycotter.

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Une autre chaine Telegram « Cyber Resistants » a promis, et commencé, de hacker le site officiels biélorusses à partir du 14 septembre.
Le 14 septembre Loukachenko rencontrera Poutine à Sotchi. Qu’y signera-t-il ? Des accords officialisant une présence militaire russe dans la région de Grodno (à la frontière avec la Pologne et la Lithuanie) ? Ou alors, Poutine, ne l’a-t-il invité que pour apparaître comme l’arbitre de la crise biélorusse ? En attendant, certains Biélorusses s’apprêtent à quitter le pays après le 14 septembre.
Et il y a ceux qui espèrent que le Kremlin n’aura pas besoin d’incorporer la Biélorussie. Ceux qui espèrent que cinq semaines de protestations ininterrompues produiront des résultats.
« Sacha, si tu es violent, ne viens pas chez moi » proclame la pancarte que tient à bout de bras un homme portant un masque de Poutine.

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Malgré les dispersions violentes, les gaz au poivre, les jets d’eau, les grenades soniques et les tirs, les gens, en rentrant chez eux, se s’encouragent « A dimanche prochain ». Je leur souhaite que cela ne devienne pas une routine où pendant la semaine la machine administrative inflige des amendes et le week-end les gens sortent pour se faire arrêter et payer des amendes en semaine…
A propos de routine qui s’est installée : les Biélorusses en sont arrivés à commencer leurs journées par consulter les statistiques quotidiennes des arrestation : Hier, le 12 septembres - 114 personnes arrêtés, dont 87 sont restées en prison.
Le 13 septembre, aujourd’hui : plus de 400 arrêtés. Mais les chiffres ne sont pas encore définitifs. - Les chiffres de lundi tombent : 774 personnes arrêtées lors de la marche de dimanche. -
Le monde entier traverse la pandémie vit avec les chiffres des contaminations, de cas graves en réanimations, de décès. Les biélorusses comptent autrement: nombre de personnes arrêtées, condamnées, relâchées, auxquels s’ajoutent malheureusement les décès, y compris ceux dû au Covid.
Et enfin, pour ceux qui s’inquiètent pour la septuagénaire Nina Baguinskaya qui a été au milieu des bousculades d’hier, l’édition internet KYKY.org est heureuse de nous faire parvenir sa photo entourée de se nouveaux gardes du corps.

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