Je me réjouis depuis quelques années, de voir apparaître un mouvement dit “féministe” (Osez le féminisme par exemple) qui va audelà d’une opposition simpliste contre les affreux hommes machistes et phalocrates.
Un mouvement qui explore les genres, explore les plaisirs, … Explore ensemble. Je suis un homme et ce n’est peut-etre pas si facile. “Difficile d’être un homme, il faut en avoir envie.”, disait Drieu La Rochelle dans Le Feu follet. Longtemps je n’en ai pas eu envie, refusant mon désir sexué, interdit de citer, luttant violemment contre moi-même, contre cette part de moi-même, en trop, qui ne pouvait s’exprimer. J’imaginais volontiers que j’aurais aimé être une femme. Mais cette théorie infantile ne valait qu’à imaginer une femme comme un homme en moins.
Le discours phallique est présent, sous-jacent de notre société, quoi qu’on dise et quoi qu’on pense, il faut faire avec. S’y opposer ? Une position choisie par un certain féminisme. Mais ce n’est pas s’en affranchir.
Quand enfin je me suis autorisé à faire une place à celles qui m’intriguaient tant, j’ai découvert l’inconnu, délicieux vertige. J’ai d’abord joué au couple Ikéa et lutté avec schémas qui ne se disaient pas... d'ailleurs il aurait fallu que tout se fasse sans nécessité de rien en dire. Mais j’ai vu quelque chose au delà de tout. Entrevu quelque chose de la liberté, d’une désaliénation. Ce sont les femmes (non pas anatomiques, mais le féminin, ce je-ne-sais-quoi qui nous échappe en tout être humain) qui nous ouvrent la voie de la liberté. Et plutôt que de fermer les écoutilles j'ai commencé à défaire la pelotte de laine qui m'avait fabriqué jusque là.
Dans une interview de Sophia Wallace sur Secret de fontaine, je lis : “Le clitoris pourrait devenir le plus grand symbole civilisationnel moderne.” Un joli contre-pied au TOUT phallique, à condition de ne pas dresser le clitoris comme un nouveau phallus.
Et si nous pouvions glisser d’un monde du contrôle, de la puissance étalonné sur le viril à un monde heuristique du vivre ensemble ? N’est-ce pas le défi des générations avenir ? Souleymane Bachir Diagne, dans une interview de Adèle Van Reeth dans l'émission "Les nouveaux chemins de la connaissance" à France Culture, à propos de Comment philosopher en Islam, indiquait que nous vivons dans un monde multi-culturel dans lequel toutes les cultures sont dorénavant connues. Nous ne découvrirons plus de cultures inconnues. Le défi est alors de vivre ensemble dans cette multiculturalité. Religions, régimes politiques, arts, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, … vivre ensemble.
Et une question que je me pose : Combien de guerres engagées car plus acceptables que la jouissance féminine ? Combien de destruction préférées à l’indépendance et la liberté des moeurs ? Qu’est-ce qu’une violence sinon un acte devant l’indicible, l’absence de mots ?
Est-il si insupportable de lever les entraves aux découvertes individuelles dans le respect de chacun, qu’il soit préférable d'imposer à tous les idées de quelques-uns ?
Combien d’êtres humains devront encore être interdits de paroles, mutilés, torturés, tués pour que certains voient leurs convictions perpétrées ? L’une des plus grandes violences est celle de vouloir imposer à autrui quoi que ce soit. Et cette violence est vécue à toutes les échelles. Qu’elle soit à l’échelle d’une nation qui ne tolère que sa religion ou de la sphère interindividuelle au sein d’un couple par exemple.
Et si plutôt que d’enseigner chez les jeunes filles la peur des mauvaises rencontres et chez les garçons leur supériorité masculine, nous invitions chacun à découvrir soi et les autres ?
Quelques pistes que je travaille :
- faire l’inventaire des discours, des valeurs, des convictions, etc. qui me gouvernent, les reconnaître sans juger,
- apprendre à connaître mon corps, sans jugement,
- explorer mes plaisirs, explorer mes désirs,
- gagner mon indépendance financière,
- discuter franchement, sans chercher à “placer” mes convictions mais en accueillant la parole d’autrui,
- m’enrichir des multi-culturalités plutôt que fermer le monde à la lorgnette de mes croyances.
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