Hier, la pluie s'arrête lorsque nous arrivons sur un des squats collé à la frontière serbo-hongroise. Sur ce lieu, plusieurs dizaine d'exilés afghans survivent en attendant de pouvoir tenter leur chance pour rejoindre la Hongrie et l'Europe. Dans la discussion, plusieurs d'entre eux nous font le récit de la nuit passée: trois des habitants nous racontent avoir traversé la frontière avec un groupe d'une vingtaine de personne composé de femmes et d'enfants. Au bout de trois kilomètres en territoire hongrois, ils ont été arrêtés par la police locale puis ramenés en voiture de l'autre côté de la frontière avec la coopération de la police serbe.
Lors de l'arrestation, la police hongroise a fait preuve de violences envers les hommes et les femmes. Ils ont été frappés avec des matraques a de multiples reprises et ont été aspergés avec des sprays au poivre ( seuls les enfants ont évité les coups de matraques). La police a également confisqué l'argent de tout le groupe avant de les ramener de l'autre côté. Les pushbacks, pratique interdite, sont de plus en plus utilisés aux portes de l'Europe pour entraver le voyage des personnes en exil. Certains témoignages recueillis par les ONG présentes sur place ( Collective Aid et MVI) font état de personnes reconduites par la police serbe jusque dans le sud du pays.
Cette histoire, fait écho à de trop nombreux témoignages que j'ai pu recevoir depuis le début de la semaine. En Serbie, où Frontex est déployé avec le soutien de forces de polices venant d'Allemagne, Autriche, Italie et Croatie, de nombreuses voix de personnes exilées racontent comment un vrai système mafieux d'extorsion est mis en place. Mercredi, des personnes venant de Syrie et du Maroc, expliquent que des policiers allemands proposeraient leur protection ( vis à vis de la police serbe) contre des pots de vin ( environ 200€ à chaque fois qu'il y a un contrôle).