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Billet de blog 6 mars 2009

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Opel : la messe est dite

"Nicht systemrelevant" : la sentence d'Angela Merkel est tombée, la faillite d'Opel ne menacerait pas le système, autrement dit l'économie automobile allemande. Depuis plusieurs semaines tous les scénarios sont envisagés

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"Nicht systemrelevant" : la sentence d'Angela Merkel est tombée, la faillite d'Opel ne menacerait pas le système, autrement dit l'économie automobile allemande. Depuis plusieurs semaines tous les scénarios sont envisagés dans les médias allemands quant à l'avenir d'Opel, filliale à 100% de General Motors, présente en Allemagne depuis 1929, 80 ans. Le Management d'Opel a présenté hier à Berlin un plan de séparation complète d'Opel de General Motors pour en faire un groupe automobile indépendant. 3,3 Milliards d'Euros d'aide sont demandés au passage au gouvernement fédéral, ce qui semble bien peu pour faire de ce petit constructeur européen en grosse difficulté (1,6Millions de véhicules produits en 2007) une entreprise viable. Il y a bien sur à la clé 26 000 emplois en Allemagne, présent sur 4 sites, le plus important, et le siège européen étant celui de Rüsselsheim, à 20 km de Francfort. Bien sur, IG Metal, soutenu en parti par le SPD, a grossi le trait, en prétendant que 400 000 emplois étaient menacés en Europe par la chute éventuelle d'Opel. Ce chiffre, complétement irréaliste, n'a pas l'air d'avoir ému le gouvernement fédéral. Celui ci a qualifié la présentation d'hier de "catastrophique" et ne semble pas du tout pressé d'accorder l'aide d'urgence demandée depuis plusieurs semaines pour soulager la trésorerie du constructeur.

Alors, peut on sérieusement envisager la faillite définitive d'un grand constructeur automobile européen? Il semblerait que oui :

1/ Aucun autre constructeur ne serait assez fou, dans la conjoncture actuelle, pour racheter Opel, meme à bas prix.

2/ La marque Opel est une des plus médiocres en Europe. Opel et sa filliale Vauxhall ont quand meme contribué à répendre sur nos routes des voitures aussi hideuses que la Kadett, la Manta, l'Omega et j'en passe. Seule la Zafira relevait quelque peu le niveau, et malheureusement l'Insignia, voiture de l'année 2009, vient trop tard. Opel n'a dans ses cartons aucun projet de véhicule susceptible de soulever la passion chez les consommateurs dans les mois qui viennent.

3/ Les risques de de faillite et les nombreux débats sur le sujet dans les médias vont plomber les ventes des prochaines semaines. Celles de janvier 2009 étaient déjà inférieures de 23% à celles de janvier 2008. Personne n'a envie d'acheter un véhicule sans savoir s'il pourra trouver des pièces détachées dans 5 ans.

4/ Les autres constructeurs européens seraient plutot soulagés de voir tomber Opel. La fermeture de plusieurs usines permettrait de diminuer sensiblement la sur-capacité chronique de l'industrie automobile sur le continent. Le report des clients vers les autres généralistes leur ferait évidemment le plus grand bien.

5/ Opel est le moins allemand des constructeurs basés en Allemagne. Il n'a pas produit les véhicules faisant partie de la culture automobile allemande la plus valorisante (Porsche et la 911, VW et la coccinelle, la Golf, BMW, Mercedes). En ces périodes de retour du protectionnisme, cela joue sans doute dans la décision. D'autant que les politiques allemands ont peur que l'aide potentielle à Opel serve à renflouer GM!

6/ Le gouvernement s'est beaucoup investi dans le sauvetage des banques, en particulier celui de "Hypo Real Estate" en Bavière, dont la faillite aurait mis le système financier allemand en péril. Il ne peut pas se permettre de sauver tout le monde sans remettre en question son positionnement "libéral" auprès des électeurs.

7/ Aucun des spécialistes du secteur que j'ai pu entendre à la radio ces derniers jours ne se prononce pour un sauvetage du constructeur. Il semblerait bien que le mot soit passé de sacrifier le soldat Opel pour sauver tous les autres.

La faillite d'Opel serait un énorme choc en Europe, où aucun constructeur automobile aussi gros n'a jamais disparu. Mais malheureusement pour ses employés et ses fournisseurs, Opel ne semble pas "too big to fail".

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