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Billet de blog 6 avril 2008

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Allemagne: les salariés ont peur du déclin

Encore un article fort du Zeit que je vais essayer de synthétiser. L'article démarre sur l'augmentation du nombre de grèves ces derniers temps en Allemagne.

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Encore un article fort du Zeit que je vais essayer de synthétiser. L'article démarre sur l'augmentation du nombre de grèves ces derniers temps en Allemagne. La dernière en date, organisée par Ver.di, le syndicat des industries de service, a beaucoup mobilisé les employés de Deutsche Post.

Les journaliste (Thomas Fischermann und Christian Tenbrock)démontrent que les salariés se battent bien sûr pour l'augmentation des salaires, mais également à cause d'une peur de plus en plue prégnante du "déclin" (Absturz), de la chute. "L'échelle sociale est devenue glissante", comme le dit un syndicaliste.

Ils s'appuient sur plusieurs études pour mettre en évidence les points suivants :

1/ La classe moyenne a fortement diminué en Allemagne ces 20 dernières années. Une étude du DIW de Berlin (institut de de recherche en économie) montre qu'elle représente 54% de la population début 2006, contre 62% en 1986. Graphique ci-joint (source : DIW)

2/ Ce mouvement a été plus tardif que dans d'autres pays industrialisés, grâce au pacte social allemand qui veut que les élites défendent le bien commun, mais aussi grâce à la puissance de l'industrie allemande.

3/ Cette justice sociale a été mise à mal lors de la dernière période de croissance, de 2004 à 2007. Contrairement à la période précédente (de 1998 à 2001) où le pouvoir d'achat avait augmenté, il a régressé dans les 4 dernières années, alors que les résultats économiques étaient bons. Les bénéficiaires ont surtout été les entreprises et les détenteurs de capital (Finanzkapitalisten). Les journalistes utilisent un terme très fort : une arnaque(jmdn. übers Ohr hauen). Graphique suivant, qui montre la baisse du pouvoir d'achat dans la période 2004 - 2007, alors qu'il avait monté de 1998 à 2001. Source : bureau des statistiques

4/ Ce partage de plus en plus inégal des fruits de la croissance mine le moral des salariés, ce sentiment d'injustice, expliquent le regain des grèves. Même si des augmentations de salaire sont consenties, elles ne feront pas oublier les délocalisations, la difficulté d'accéder à un vrai emploi. Les dégâts des années Schröder, qui ont surtout profité aux 20% les plus aisés, grâce aux réductions d'impôts, commencent à se faire sentir.

L'article conclut en espérant, comme beaucoup, que ce thème de la disparition des classes moyennes soit pris à bras le corps par les politiques. La répartition des richesses est la première raison d'être de la politique ! Celle-ci saura-t-elle défendre les classes moyennes, qui ont émergées de 1945 à 1975? Où les classes moyennes ne seront elles plus, bientôt, qu'un accident historique, dont l'existence n'a été due qu'à un concours de circonstances (croissance extrême, capitalisme bridé, essor des technologies, matières premières et énergie bon marché..)? La loi du plus fort, celle du capitalisme financier redeviendra-t-elle la règle?

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