Ce que l'on prend pour une hésitation de Nicolas Sarkozy, la lenteur à constituer son gouvernement, est en réalité un coup de maître tactique.
1/ Le repli vers la droite n'est pas le signe d'une frilosité, mais celui d'une stratégie claire et bien réfléchie vers le 1er tour de 2012. Aller au centre, avec Borloo, aurait eu deux conséquences : laisser le champ libre au FN et laisser grossir les Verts. Attaquer à droite, laisse au contraire le champ libre à une force du centre, qui ira piocher en priorité les talents et les voix des Verts (Article du jour de Médiapart sur le sujet) Cela permet de créer 3 entités solides au centre et à gauche qui risquent fort de se neutraliser pour accéder au second tour des présidentielles : (estimations Oliv92 en fichier attaché)
2/ Les 6 mois d'incertitudes et de douches écossaises ont permis de neutraliser la concurrence à droite, ou plutôt de cadrer la concurrence. Ils ont obligé chacun à abattre ses cartes.
3/ Le timing est bien choisi, car la recomposition arrive juste à point pour déstabliser les Verts qui viennent de se regrouper, en les obligeant immédiatement à se décider sur des alliances au centre. On ne parle pas du PS, empétré dans des primaires dont il ne sortira sans doute jamais, ou beaucoup trop tard pour se repositionner.
La campagne présidentielle 2012 a commencé, et Sarkozy a joué un coup de maître. Ceux qui le voient mort risque de se rappeler un peu tard qu'il voit loin en matière électorale. Tout cela va se jouer à quelques %, et personne ne peut aujour'hui préjuger des alliances qui vont se nouer, ni du niveau de décomposition du PS suite aux primaires. Mais Sarko mise en tous cas sur un "21 avril" 2012, seule solution pour lui d'accéder au second tour, et qui plus est en position de force.