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Billet de blog 18 septembre 2011

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Peut-on catégoriser les êtres humains?

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Quiconque regroupe des êtres humains dans une catégorie s’apprête généralement à dire une bêtise. Les juifs, les arabes, les américains, les jeunes, les parisiens, les femmes, les footeux, les bobos, les grecs, les petits, les cadres… tous les commentaires, les billets, les blogs, sur Médiapart et ailleurs débordent de ce genre de regroupement qui sont quasiment toujours une double erreur.1 La première erreur est de qualifier une personne, de la mettre dans une petite boîte.1.1 Les catégories sont souvent très imprécises. Qu’est-ce qu’être musulman ? Jusqu’à quand est-on jeune ? Le pénible débat sur l’identité nationale et du fameux « qu’est-ce qu’être français ? » a montré qu’essayer de définir une catégorie d’êtres humains est mission quasiment impossible. Ou alors il faut se restreindre à des catégories basées sur des notions physiques précises : la taille, l’âge, le lieu de naissance, la possession d’un diplôme.1.2 Personne ne peut-être réduit à une catégorie. Chaque être humain est multi-dimensionnel. On peut être SDF, vieux, juif, grand, marseillais… en même temps. Il est impossible de connaître une personne, de savoir qu’elles sont ses influences, ses ressorts cachés, ses troubles et ses passions. L’être humain est infiniment complexe.1.3 Tout le monde évolue, vieillit bien sûr, déménage, est influencé par ses rencontres et ses expériences. On peut être musulman pratiquant une partie de sa vie, moins pendant une autre, vivre trois ans aux USA, devenir chômeur, changer de sexe ou de sexualité, se mettre à boire, à aimer la rhubarbe, à s’habiller en gothique, épouser une vietnamienne, perdre son travail. Comment peut-on dire « untel appartient à cette catégorie » si ce n’était pas vrai un an plus tôt ?2 La deuxième erreur est encore pire : elle consiste à penser que parce que l’on a qualifié une personne on peut en déduire son comportement ! Tous les émigrés sont comme ci, tous les étudiants font cela, les femmes ne savent pas conduire, les belges mangent des frites. Tout ce que peuvent arriver à faire les sociologues c’est à démontrer en utilisant les statistiques, des affirmations du style « la probabilité de trouver un amateur de frites parmi les personnes ayant un passeport belge est significativement plus élevé que parmi les personnes ayant un passeport français ».Combien de bloggeurs sont capables de bâtir ce genre de démonstration ? Et mince, je me mets aussi à catégoriser, en créant celle des « bloggeurs » et en insinuant qu’ils sont incapables d’études statistiques… Il faut croire au libre arbitre, il faut croire en l’homme. Un commerçant du Var ayant voté toute sa vie pour l’UMP ou le FN peut tomber follement amoureux d’une « sans papier » malienne et devenir militant au Gisti. Tout un chacun peut changer, peut prendre une décision imprévisible (même pour lui) demain ou dans 10 ans.

On s’aperçoit donc, que la catégorisation d’êtres humains, certes tentante, est tellement simplificatrice, fausse et dangereuse qu’elle devrait être interdite : Je milite à partir de ce jour contre ce que j’appelle le « catégorisme » que l'on pourrait définir comme tout dénigrement de quelque catégorie humaine que ce soit. L’antisémitisme, le racisme, le sexisme, l’homophobie sont déjà légalement punissables dans de nombreux pays, il faut donc étendre la loi à tout CATEGORISME.

Prenons quelques exemples dans les blogs et articles de ces derniers jours :

En négatif : http://blogs.mediapart.fr/blog/serge-uleski/120911/limbecile-au-travail

En positif : http://blogs.mediapart.fr/blog/john-marcus/160911/le-socialisme-est-mort-vive-le-socialisme

(dessin tiré du blog de Solenn Larnicol http://solylaisse.blogspot.com/2011_05_01_archive.html)

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