La catastrophe de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon constitue une épreuve délicate pour la présidence de Barack Obama. Une épreuve à l’aune de l’ouragan Katrina qui avait ravagé la Louisiane en 2005 et accéléré la déliquescence de l’administration Bush incapable de gérer correctement la catastrophe. N’en déplaise aux nombreux contempteurs de Barack Obama, la stratégie de communication de la Maison Blanche n’est pas si indigente et décalée que d’aucuns s’échinent à la qualifier. En obtenant récemment de grosses concessions de la part de BP, Obama dispose désormais d’une opportunité unique mais fragile pour relancer le débat sur le tout-pétrole. A condition de maintenir fermement le cap dans la résolution de la marée noire.
Depuis le 20 avril, date de l’explosion de Deepwater Horizon au large du golfe du Mexique, Barack Obama est sur la corde raide. Loin de l’état de grâce qui l’avait porté à la tête des Etats-Unis dix-huit mois plus tôt, le 44ème président patauge désormais dans les eaux engluées du Golfe du Mexique face à une marée noire qui n’en finit pas de s’étendre et de rompre le fragile équilibre environnemental, social et économique de toute une région.
D’un côté, il est décrié par les militants écologistes, l’aile gauche des Démocrates et une partie de la population pour son retard à l’allumage et sa complaisance supposée envers BP et plus globalement les « Big Oil », le surnom donné au lobby formé par les plus grandes multinationales pétrolières (dont beaucoup sont précisément américaines). Cette frange déplore qu’Obama n’ait pas cogné plus durement sur BP dès les premiers instants de la catastrophe.
De l’autre côté, les investisseurs et industriels de l’or noir, une grosse portion des Républicains historiquement liés aux premiers et une partie non négligeable de la population de Louisiane s’inquiètent, voire dénoncent avec virulence l’acharnement d’Obama à l’encontre de BP et du secteur pétrolier en général. A leurs yeux, l’attitude vindicative du président menace les fondements économiques intrinsèques du pays où le pétrole irrigue l’ « American way of life » depuis des siècles.
Refus de la communication incantatoire tous azimuts
Tony Hayward fut le premier à s'exprimer et Barack Obama a choisi d'entériner
La communication présidentielle n’a effectivement pas été exempte d’erreurs, d’approximations ou d’hésitations. Pour autant, elle n’a pas cédé au mythe du politique pompier qui accourt à grand pas lors d’une crise tout en s’empressant de désigner abruptement les coupables, de dégainer des nouvelles lois pour satisfaire la vindicte populaire puis de s’en retourner discrètement vaquer à d’autres occupations sans même suivre les derniers déroulements. C’est tout de même le grand enseignement appréciable dans la crise de la marée noire. Face à aux postures adverses très contradictoires et souvent à la limite du raisonnement binaire, il n’est guère évident de dessiner une ligne de conduite sereine. Sauf à céder comme trop souvent aux sirènes de la communication incantatoire qui débarque avec formules préfabriquées et effets de manche manipulatoires pour donner le change et montrer que le pilote est bien dans l’avion.