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Billet de blog 5 novembre 2023

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Féminisme-Islamisme, un mélange des genres ?

Après le 7 octobre, le silence de certaines personnalités féministes ou la partialité de collectifs féministes et ONG qui tentent d'invisibiliser les féminicides perpétrés sur des femmes israéliennes, est une trahison au patrimoine féministe de notre pays.

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Illustration 1
Otages israéliennes du Hamas, organisation terroriste

Féministe de la première heure, j’ai été de tous les combats. Des violences faites aux femmes à la reconnaissance du Féminicide, de la précarité des mères isolées aux droits des femmes françaises, afghanes, iraniennes…sans aucune distinction. J’ai appelé à la libération d’Ingrid Betancourt et de Florence Cassez.

 Mais au lendemain du 7 octobre 2023, ce que j’ai vu sur les vidéos données aux journalistes du monde entier, ce que j’ai ressenti dans ma chair en voyant tous ces corps de femmes qui ont été massacrés, est indescriptible. Je suis restée des jours, sans sortir, dans un état de sidération. Existe-t-il d’ailleurs suffisamment de mots dans ma langue natale pour décrire et témoigner de l’horreur.

 J’ai été violée, il y a longtemps, je sais ce que l’on ressent lorsqu’un homme vous pénètre sans votre consentement. Le 7 octobre, des terroristes sont entrés dans les maisons et dans un Festival de musique. Ils ont violé les corps des femmes. Ils ont violé leurs cadavres. Ils ont découpé les corps, trancher les têtes, uriné et souillé les dépouilles. Ils les ont brulés pour faire disparaître notre humanité, comme les nazis l’avaient fait avec les corps d’autres femmes juives et d’enfants qu’ils jetaient, comme des déchets, dans les fosses communes.

 Le 7 octobre. Des femmes ont été tuées devant leurs maris, leurs enfants. Des enfants ont été massacrés devant leurs mères. Les fœtus ont été arrachés des ventres arrondis des femmes enceintes et assassinés. Un sauveteur a retrouvé un bébé dans un four.

 Alors, je ne vous demande pas de me donner votre avis sur le conflit israélo-palestinien, je vous demande juste de juger ce massacre de femmes et d’enfants. Un point c’est tout.

 Face à leur silence, j’ai écrit à mes amies féministes de toutes confessions avec lesquelles j’avais milité. Elles ont choisi de ne rien dire, cachant leur lâcheté derrière le conflit israélo-palestinien, alors que j’appelais à leur humanité.

 Trahie par mes sœurs de combat, j’ai appelé Amnesty international, après avoir lu le dossier très bien documenté qu’ils avaient fait sur les féminicides et les femmes victimes des guerres, ainsi que sur les femmes iraniennes qui luttent pour leur liberté. Je leur ai demandé de me montrer le communiqué du 7 octobre afin de le diffuser. Mais il n’y avait qu’un communiqué global sur le massacre des civils, mais rien sur les atrocités subies par les femmes. Un courrier leur a été donc envoyé pour qu’ils reconnaissent spécifiquement les féminicides perpétrés en Israël.

 J’attends donc leur réponse.

 Je ne suis guidée ni par la colère, ni par la vengeance, mais il est essentiel d’honorer la mémoire de toutes ces femmes.  

Quant aux collectifs féministes* (Différents comité locaux de « Nous toutes », Planning familial 41, collectif féministe étudiant de Science Po Paris…) et LGBTQ+, qui ont signé, avec certaines personnalités dont Adèle Haenel, une tribune parue sur un blog de Médiapart, les mots me manquent pour vous faire part de mon indignation. Osez résumer le viol, la décapitation et le massacre de toutes ces femmes dans une seule phrase : « Nous condamnons ces actes, comme l’ensemble des attaques visant des civils israéliensNES » est indigne. Oublier de parler des femmes otages est indigne. Oublier dans le même temps de dénoncer les droits bafoués des femmes palestiniennes à Gaza ainsi que les exactions faites sur des homosexuels à Gaza, est également indigne.

Chers amis et amies militants, j’ai grandi avec vous, j’ai chanté, espéré et manifesté avec vous sur les pavés parisiens pour que notre monde change et que les droits humains soient respectés.

Mais aujourd’hui, ma main tremble devant l’inhumanité qui s’exprime dans de nombreuses ONG et collectifs associatifs. Je me sens trahie dans mon féminisme, ma militance, et tous mes engagements.

Il est encore temps de dénoncer tous ces féminicides et ces meurtres d’enfants perpétrés par ces barbares. De grâce, ne devenez pas les fossoyeurs de tous nos combats.

 Olivia Cattan, présidente de Paroles de femmes, journaliste, écrivaine, réalisatrice.

 *Comité locaux de Nous toutes à Nice, Quimper, en Gironde, dans l’Eure, à Pontarlier, Saint Malo, Le Havre, Paris 15, 16, 19, 20…, Le Planning familial 41, l’AG féministe Paris Banlieue ainsi que de nombreuses associations LGBTQI+ comme les Marches des Fiertés du Havre, Les Lesbiennes contre le Patriarcat, Le coin des LGBTQI+, Média Queer, ou encore le STRASS et GARCES, ainsi que le collectif féministe étudiant de Science Po Paris…

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