À l’aube révolue de ce siècle animé,
Ivre de promesses et las d’un monde abîmé,
Dans l’agonie de cette époque où tout gémit,
Je récuse et dénonce votre vaste comédie.
À l’abri des enjeux que vous trahissez,
De vos discours irréels et affligeants,
Qui broient le mot comme l’honnêteté,
Votre vie s’étire bien misérablement.
On passe, on épie, à la cour de justice,
Dans le cas où un Ministre ne surgisse,
Pour venir prendre la place du pénitent,
Quand ce n’est pas – qui l’eût cru ? – un Président !
Loin de la dignité, sourd à la gravité,
Par les condamnations et les outrances,
Qui donnent à votre visage sa vulgarité,
Au quotidien de ceux figés par la souffrance,
À tous ceux dont on annonce l’adversité,
Vous ajoutez la honte et la désespérance.
Et pendant qu’en séance vous vous amusez,
Sous les regards de tous ceux que vous abusez,
Le ressentiment harasse ce qui nous lie,
Sur des lèvres glisse un redoutable refrain
Dont on crut pourtant, après maints périls, la fin.
Vous êtes à cet égard de bonne compagnie.
De quoi parlez-vous ? de l’esprit républicain ?
Vous qui, pendant que vous confiniez la France
Privée de rencontres, sous le coup de remontrances,
Vous retrouviez dans les dîners clandestins !
Des Gilets jaunes à la réforme des retraites,
Du climat à la santé, des causes concrètes,
Voilà un grand nombre de justes protestations,
Auxquelles vous répondez à coup de répression.
Et tandis que vous bravez la majorité,
Qui s’exprimait dans la rue et à l’Assemblée,
Vous riez ouvertement de l’esprit des Lois,
Avec vos plus de vingt-deux quarante-neuf trois.
Quoi ? Mais où est votre responsabilité,
Quand – le peuple défilant – vous le trompez ?
Quand il ne subsiste que, à l’élite bien choyée,
Son incompétence et le goût pour festoyer ?
Quand replié au lointain des événements,
Le courage lui aussi fait fuir le savant ?
Ah ! quelle belle fin que l’éclat certain,
Pour lequel on eût fait tant de bien bas desseins.
À l’aube révolue de ce siècle animé,
Ivre de promesses et las d’un monde abîmé,
Dans l’agonie de cette époque où tout gémit,
Je récuse et dénonce votre vaste comédie.
Le 17 décembre 2023.

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