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Billet de blog 5 avril 2020

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D'une fenêtre à l'autre : apprivoiser l'impensable?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je bascule d’une fenêtre à l’autre, rapide, raccourcis clavier, aimanté à mon écran. Un journal quotidien déroule sa pelote de chiffres, décès, contaminations, masques présents ou à venir, taille des cohortes de patients testés pour valider l’usage d’une molécule. Des chiffres, du tangible et du contrôlable. Parce qu’il est aussi question de la ré-animation, redonner de l’âme, réalité... ré-allité si le traitement n’a pas marché.

Saut de fenêtre, traitement de texte. Mon attestation de déplacement, Ausweis. Hein ? Dérogatoire. Réservée à l’indispensable, à ce qui ne peut être différé, assistances aux personnes vulnérables, première nécessité… Tout ça dans un même texte.

Autre fenêtre, réseau social. Solidarité de logements prêtés aux gens qui soignent, des petits plats dans les grands pour les combattants en blouses blanches, aux traits tirés, qui nous préservent de la Mort, nos boys aurait-on dit ailleurs si ça n’avait pas été ici, majoritairement, des girls...

Je saute : Média, un autre, alternatif. Critique la gestion de cette crise, incompétence, appel aux démissions, retour sur l’infinie surdité aux revendications d’avant le carnage…

Tiens une vidéo. Drôle, déjantée, détournement de chansons et apprivoisement de la situation... démunie. Création contre sidération.

Je (re)saute, tableur. Des chiffres évidemment, les miens, budget, dépenses : en trop ! Réduire, couper, suspension des mensualités, négociation avec les impôts, renoncement aux vacances, déjà, des patates pour Noël. Addition famélique face à la soustraction. Mais, bien évidemment dérisoire quand les poumons apportent assez d’air, quand le virus en couronne n’est pas devenu roi.

Réseau social encore (et toujours). Tiens, un prophète angélique, qui ne voit pas le virus comme un hic mais comme un tacle taquin de dame Nature, pour nous rappeler combien on se maltraite à travers elle, un mal pour un bien bande d’aveugles… et sa guirlande de commentaires, fascinés ou incendiaires.

Je passe au tuto : réparer ce qui traîne dans la maison, on a le temps et on doit faire avec ce qu’on a dans les placards, découvrir des horizons cachés sous un objet hier voué aux ordures.

Réseau encore, témoignage, d’ailleurs, autre région ou autre pays, si près mais si loin. Le brouhaha des hôpitaux couvert ici par le chant des oiseaux, l’agitation lointaine se fait évanescente dans nos journées sans horloge… A en devenir schizo. La molette de ma souris descend justement vers un prêcheur fou, qui tue le virus en direct, voilà ! Puis des tribunes, et des tribunes, de l’éclairage sur une obscurité soudaine, souvent stroboscope cet éclairage, tant il est délicat de toiser l’impensable.

Autre petit tuto, anodin : réussir ses semis pour prévoir un potager (solidement) nourricier.(ah bon ?… c’est… vraiment nécessaire ?...)

Groupes d’échanges, entre inconnus mais longueur d’ondes en commun. Ça y est, le virage va s’amorcer, le château de cartes s’écroule, fin de chapitre, envisager mieux, autrement !

Une photo de vacances, ouverte par mégarde, là sur mon écran. Elle dit ailleurs, avant, du vent, des odeurs, de l’espace, avec des qu’on aime et qu’on câline à plein bras, à pleines joues.

Retour au traitement de texte. Celui-ci de texte, que j’utilise comme un traitement. Des mots, phrases, que je laisse se former, enfin. Premier dépôt sur le papier de mon écran depuis le début de ce truc. Du temps pour se décaler, diesel de la prose.

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