A l’heure dite, sa Nullité apparaît, sobrement drapée dans un déguisement de noblesse et déclamant avec emphase son fol amour du peuple, son altruisme christique, sa compassion qui déchire l’âme en de pesantes bouffées lyriques avec trémolos, ses envolées post-prolétariennes en chamailleries du 1er Mai, sa vision messianique « I have a dream » pour un Grand Soir ultralibéral.
Celui d’avant, l’autre pâte molle avec ses petits bras dodus, il avait pas l’allonge. Mon ennemi, ma finance, faudrait savoir... Ça manquait un peu de consistance, de conviction, tu vois ?
Alors que maintenant là, quel punch, quelle assurance ! Assurance sans mobile apparent toutefois par les temps qui courent... Mais admirez cette maîtrise du flan ! C’est que le flan est une matière délicate à porter, tous les pâtissiers vous le diront. Pourtant c’est tout simple à préparer. Facile. Un truc de débutant. Et puis c’est tellement bon. On s’en pourlèche. On en redemande. On veut la recette. On se battrait pour une part supplémentaire. Du rab !
Il est magique. Il vibrionne comme un petit ver aux beaux yeux clairs. Il gargarise. Il hypnotise. Presque, on lui achèterait la voiture d’occasion sans l’avoir essayée. Sauf que la bagnole, on commence à la connaitre un peu. Ça fait déjà dans les trente ans qu’on nous y trimbale, trente ans qu’on se fait des bleus dans tous les virages. Faut dire qu’il a le coup de volant un peu sec, notre petit Schumacher en herbe. Et puis il a tendance à confondre la première et la marche arrière. Il hésite : à droite ou... à droite ? Avec ou sans masque ?
Il a dû prendre des cours avec Fillon et l’autre filozof aux cheveux longs et soyeux, là, le dandy à la guimauve qui voulait faire poliment tirer dans le tas : Ferry ! C’est ça ! Ces mecs là, il parait qu’ils savent piloter des Ferrari sans se fatiguer, même très vieux, plus besoin de retraite. Ben ils sont souvent sortis de la piste. C’est peut-être parce qu’ils n’allaient nulle part.
Les circuits de vitesse, par définition, ça tourne en rond, ça se mord la queue. A l’arrivée, le progrès vous ramène au point de départ. Il vous transforme demain en avant-hier. Nous, arriver premiers dans la course au néant, ça nous intéresse moyen. On aimerait mieux un style de conduite moins brutal, plus raisonnable et avec une vraie destination. Façon transports en commun, tu vois ? Tranquille. Tu regardes le plan, tu montes. Au « terminus, tout le monde descend », tu te choisis une correspondance pour aller plus loin en prenant le temps de réfléchir et en surveillant le panorama pour pas rater le coche.
Alors peut-être notre Nullissime devrait-il laisser le volant à quelqu’un qui sache conduire un peu plus proprement et puis s’inscrire à Top Chef section sucreries pour apprendre à mitonner quelque chose de plus savoureux que le flan, parce que le flan, on en a déjà bouffé pas mal. Au bout d’un moment, on se lasse. Même du meilleur. Ras le bol !
Faut reconnaître qu’il envoie bien les claques. Par contre, le jeu de jambes laisse à désirer. Sarko bougeait mieux quand même, quoique l’accumulation de casseroles ait eu tendance à freiner le mouvement, les roquets malchanceux le savent. En fait, notre pugiliste de foire est un peu trop statique et si ça continue, il va peut-être s’en prendre une. Et se fendiller dans les courants d’air. C’est l’inconvénient de la rigidité.
Enfin, c’est ce qu’on lui souhaite : qu’il se fendille. On balaiera les miettes.
OF
PS :
Et puisqu’on nous dit que c’est la guerre, écoutons religieusement Paul Déroulède « Le Clairon » (Tata-ratata-ratata !) https://www.youtube.com/watch?v=J4xvYcwJb6c