Il n’y a pas que Kadhafi qui envoie ses mercenaires contre les révolutionnaires, il n’y a qu’a voir la démarche et les propos Boris Boillon, notre nouvel ambassadeur en Tunisie, pour s’en convaincre... Les tunisiens s’en sont immédiatement indignés, parce qu’ils n’acceptent plus d’être insultés, méprisés, dominés. La révolution est passée par là et elle a tout changé.
Le propre des crises est d’accélérer le temps, celui des révolutions est de changer d’époque.
Ils y a ceux qui font la révolution, ceux qui y participent, ceux qui observent de loin son éclat mais qui en saisissent néanmoins les enjeux, et ceux qui ne la comprennent pas, ceux contre qui la révolution se fait. Tous ne vivent pas dans le même espace temps, ni mental, ni émotionnel, ni politique.
Car la révolution politique, celle qui a court dans la rue, n’est que la partie apparente d’une révolution intérieure qui simultanément s’opère dans la pensée individuelle et dans l’agora subtile de l’émotionnel collectif.
Il n’y a pas d’égalité dans le moment révolutionnaire, la preuve en est que le tyran lui même, contre qui le peuple se dresse, est le dernier à comprendre ce qui arrive. Paradoxe - mais seulement apparent - que celui qui détienne le pouvoir absolu et contrôle la société par sa police et ses services secrets soit « totalitairement » aveugle.
Et les amis du tyran, ses malfaiteurs associés, ses collabos, ceux qui l’ont soutenu, qui l’ont installé sur le trône et qui l’ont aidé à régner, ceux qui ont profité du système et qui en profitent encore sont, proportionnellement à leur degré de compromission avec ce système, aussi aveugles que le tyran lui-même.
Donc nous avons changé d’époque, certains en sont conscients, d’autres non.
Le gouvernement français, fait partie de cette deuxième catégorie. Il était depuis toujours trop proche du tyran pour pouvoir comprendre les évènements. Le temps s’est fantastiquement accéléré, et ceux qui sont resté sur le quai (d’Orsay ?) ont vieilli a un rythme tout aussi accéléré. Leur langage parait aujourd’hui totalement dépassé, déplacé, égaré.
Dés qu’un membre de ce gouvernement ou de sa diplomatie ouvre la bouche c’est pour révéler qu’il n’a rien compris aux bouleversement du monde opéré en quelques semaines.
Aveugle à la puissance des rires tunisiens, des sourires égyptiens, perdu dans ses ténèbres intellectuelles, notre président vient d’avoir une idée qui se veut visionnaire mais qui n’est que révisionniste: lancer un grand débat sur l’Islam en France !
Au moment historique où des centaines de millions d’arabes sont en train de dépasser le dilemme politique entre fondamentalisme Islamique et Cleptocratie policière dans lequel ils s’étaient laisser enfermer depuis quarante ans, et donc de dépasser le réflexe identitaire religieux, l’aveugle veut, lui, recentrer le débat sur L’Islam.
Ce qui va arriver à l’aveugle et aux paralytiques de ce gouvernement c’est que ce débat provocateur sur l’islam va se transformer en débat sur l’inégalité sociale en France, le racisme social en France et va probablement déboucher sur un soulèvement généralisé des pauvres peuplant les villes, les cités et les banlieues de France. Le ras le bol social est déjà bien perceptible, il ne manque qu’une étincelle (de génie ?).